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Les secrets du roaming
L'itinérance (plus connue sous le nom de « roaming »)
est
l'une des possibilités les plus fascinantes de la téléphonie
mobile. Permettant d'utiliser son GSM un peu partout dans le monde
sans même changer de numéro d'appel, elle repose sur
des mécanismes techniques d'une grande complexité
dans lesquels il est parfois bien tentant de s'immiscer.
Loin de ne s'adresser qu'aux grands voyageurs, le
roaming GSM devrait
très bientôt connaître un regain d'intérêt,
au fur et à mesure de l'application de l'Eurotarif par les
opérateurs de l'Union Européenne. Il faut dire que jusqu'à ces
dernières semaines,
utiliser (sciemment ou accidentellement) son mobile sur le réseau
d'un opérateur étranger pouvait coûter fort cher, y compris pour les
appels reçus. En rapprochant les prix
à la minute en itinérance de ceux de certaines formules
prépayées purement nationales, l'eurotarif introduit
des opportunités qui ne devraient pas nous laisser
indifférents...
Une question d'hospitalité
Le principe même du
roaming
repose sur une coopération
volontaire entre les opérateurs du monde entier, qui signent
(ou non !) des accords bilatéraux pour accueillir les clients
de l'un sur le réseau de l'autre, et en général
réciproquement. Il est donc bien clair qu'un mobile d'un
opérateur donné ne pourra s'inscrire (et par
conséquent fonctionner) sur le réseau d'un autre qu'à
la condition qu'un tel accord existe entre les deux, et que la
formule tarifaire souscrite permette d'en bénéficier,
au bon moment, dans la zone concernée (il faut par exemple
avoir du crédit pour pouvoir être appelé, même
sans décrocher, la réception gratuite de SMS restant
par contre possible quand le compte est à zéro).
En pratique, dès qu'un mobile est mis sous tension, où
que ce soit, il procède à un balayage des canaux des
bandes radio qu'il supporte, dressant une liste des opérateurs
exploitant les réseaux qu'il détecte. Il tente
ensuite prioritairement de s'inscrire sur le dernier réseau
qu'il a utilisé (mémorisé dans le fichier LOCI
7F20:6F7E de la carte SIM), ou à défaut sur les réseaux
figurant dans la liste des « réseaux préférés »
de ladite carte (fichier PLMN 7F20:6F30). Il évitera par
contre toute tentative d'inscription sur les réseaux dont
les codes MCC-MNC sont placés dans la liste des « réseaux
interdits » (fichier FPLMN 7F20:6F7B de la carte SIM),
mais il faut savoir qu'il est toujours possible de lancer
manuellement une tentative d'inscription sur le réseau de
son choix. Si on arrive à s'inscrire ainsi sur un réseau
figurant dans la liste des «
forbidden networks »,
alors son code en est automatiquement effacé, mais en revanche
un échec d'inscription, même injustifié, peut
fort bien faire durablement marquer comme
« interdit »
un réseau qui ne l'était pas auparavant ! Cela vaut
donc la peine de faire du ménage de temps en temps, par
exemple avec un lecteur de cartes SIM connecté à un PC.
Dans l'idéal, un visiteur étranger devrait avoir accès
à tous les réseaux du pays où il se trouve,
bénéficiant ainsi d'une qualité de couverture
sensiblement meilleure que celle offerte aux abonnés locaux,
V.I.P. Compris. En pratique, certains opérateurs ont tout
intérêt à ce que leurs clients utilisent un
réseau appartenant à leur propre groupe (Vodafone dans
le cas de SFR ou Proximus, par exemple). Ils programment alors
volontiers eux-mêmes les listes des réseaux préférés
et interdits, soit lors de l'émission de la carte SIM, soit
à distance, par SMS « OTA », dès
l'arrivée dans un pays étranger. Tenter de passer
outre en modifiant ces listes, ou en procédant à des
inscriptions manuelles, peut donner des résultats
intéressants, mais aussi entraîner l'application de
tarifs plus élevés ou contrarier le fonctionnement de
certains services. Prudence, donc...
Dans un tout autre ordre d'idées, il arrive fréquemment
qu'en zones frontalières, les mobiles s'inscrivent
malencontreusement sur un réseau du pays voisin : en effet,
tout comme le nuage de Tchernobyl, les ondes radio oublient
fâcheusement de s'arrêter aux frontières, bien
que d'un point de vue réglementaire, un opérateur
n'ait pas le droit de couvrir, même partiellement, le
territoire d'un état où il ne possède pas de
licence. C'est donc à l'utilisateur qu'il appartient
d'être vigilant (car le nom de l'opérateur qui le
dessert s'affiche clairement sur l'écran du mobile avec
parfois un signe distinctif en cas de
roaming), ou mieux
d'appliquer
des contre-mesures personnelles (choisir une sélection
manuelle plutôt qu'automatique du réseau, ou placer
lui-même les opérateurs du pays voisin dans la liste des
réseaux interdits).
L'aspect technique
Lorsqu'un GSM s'inscrit sur son réseau nominal (autrement dit dans son
propre pays), il se signale à celui-ci par une identité
qui peut être convenue temporairement (TMSI) ou attribuée
une fois pour toutes (son IMSI, en principe confidentiel, lu dans le
fichier 7F20:6F07 de la carte SIM). Si le réseau reconnaît
bien l'identifiant d'un de ses clients (autrement dit une de ses
propres cartes SIM en cours de validité), il entame une
procédure d'authentification cryptographique. Le réseau
transmet au mobile une valeur aléatoire (RND) de 128 bits, que
celui-ci utilise comme opérande d'un calcul faisant
intervenir une clef secrète (Ki) enfouie dans les profondeurs
de la carte SIM. Le résultat est une signature (SRES) de 32
bits, que le mobile retourne au réseau. Ce dernier ayant fait,
de son côté, le même calcul avec les mêmes
opérandes, n'accepte d'inscrire le mobile que si les deux
résultats concordent. Aussitôt, le nom de l'opérateur
s'affiche sur l'écran, et le mobile peut communiquer.
En
roaming,
le mécanisme est tout différent, car jamais un
opérateur ne révèlera Ki, pas plus que les
détails de son algorithme d'authentification, à qui
que ce soit, fût-il un confrère. Quand un réseau
reconnaît l'IMSI d'une carte SIM étrangère
(ou même d'une pâle imitation !), il interroge
immédiatement l'opérateur dont le code MCC-MNC y
figure. Si cet IMSI existe dans le HLR (Home Location Register) de
celui-ci, assorti d'un droit d'accès au réseau
étranger (accord de
roaming
en vigueur et formule tarifaire
accordant l'itinérance au client), alors l'opérateur
émetteur de la carte SIM fournit à son partenaire un
couple RND - SRES lui permettant de procéder localement à
une authentification sans connaître Ki. Dans le cas contraire,
un code d'erreur est retourné, dont on peut prendre
connaissance avec un mobile Nokia dont le Net Monitor est activé.
Si cette manœuvre (qui peut prendre jusqu'à quelques minutes)
réussit, une identité temporaire TMSI est attribuée
au mobile et remplacera, avec tout ce que cela implique, son IMSI
lors des futures inscriptions ou localisations : le mobile est
désormais « connu » du VLR (Visitor
Location Register) de l'opérateur local. Il va donc pouvoir
émettre (avec parfois certaines restrictions) des appels en
utilisant directement le réseau du pays où il se
trouve, lequel va les facturer à l'émetteur de la
carte SIM qui va lui-même les porter, en temps réel ou
différé, au débit du compte de son client. Grâce
à la technologie CAMEL, désormais bien déployée,
ces transactions peuvent se faire instantanément, mettant le
roaming
à la portée des formules prépayées,
sans nécessité de signer l'équivalent d'un
« chèque en blanc » comme dans le cadre
d'un abonnement. En outre, CAMEL permet souvent d'utiliser, à
l'étranger, les numéros courts propres à son
opérateur national (mais adieu la gratuité !).
Le cas des appels reçus est bien plus complexe : le réseau
du pays visité affecte un numéro de téléphone
local au mobile, et le communique (en grand secret !) à son
opérateur nominal. Dès lors, celui-ci peut faire suivre
les communications reçues au numéro habituel du mobile,
faisant évidemment payer le coût de ce réacheminement.
Cela permet de conserver son numéro national lorsque l'on se
déplace dans le monde, mais à quel prix ! Imaginons
deux mobiles français s'appelant l'un l'autre en
territoire étranger : l'appelant va payer une communication
vers la France, tandis que l'appelé va payer une
communication de la France vers le pays où il se trouve...
L'appel transitant réellement par la France, il va être
tributaire du bon fonctionnement du réseau français
pour un appel interne à un pays étranger, et pourra
même être mis sur écoute en France !
Ce que l'on sait moins, c'est que l'opérateur local, ou
même les services de secours du pays visité, peuvent
appeler directement le mobile en court-circuitant son pays d'origine
: sans même utiliser son numéro local temporaire (que
l'on se damnerait volontiers pour connaître...), ils peuvent
le joindre au moyen du seul IMSI de sa carte SIM, ce qui est une
fonction standard (
paging)
du système GSM. Et comme c'est
gratuit, cela peut même fonctionner sans crédit !
Pour éviter de coûteux chassés-croisés
internationaux (et améliorer au passage leur
incognito),
certains voyageurs pratiquent le «
plastic roaming »,
autrement dit l'utilisation de cartes SIM (prépayées)
du pays visité. Ils bénéficient alors d'un
tarif imbattable (et même de promotions !) pour les appels
locaux, d'un prix raisonnable pour les appels vers leur pays
d'origine ou d'autres destinations, et de la gratuité des
appels reçus (à condition de communiquer leur numéro
étranger à leurs correspondants qui, eux, vont payer le
prix fort !). Rentrés à la maison, sans doute
auront-ils la bonne surprise de constater que la carte SIM ramenée
de l'étranger fonctionne indifféremment (et
anonymement) sur les trois réseaux français, à
des prix abordables grâce à l'Eurotarif. Dans certains
cas (carte Tempo de l'opérateur belge Mobistar, par
exemple), la validité du crédit sera même d'un
an, mais il faudra ruser pour recharger depuis la France, et...
éviter de se faire appeler !).
Call-back et USSD
Lorsque la technologie CAMEL n'était que parcimonieusement déployée,
le
roaming
prépayé fonctionnait souvent par
«
call-back » afin de débiter le
compte en temps réel, évitant ainsi de possibles abus.
La regrettée carte GSM easyRoam de Swisscom était ainsi
(du moins en principe...) exclusivement utilisable de cette façon.
Ce mode opératoire est toujours en vigueur au départ
des pays où CAMEL ne fonctionne pas encore de façon
satisfaisante, tandis que la carte Tempo de l'opérateur
belge Mobistar permet d'appeler indifféremment en direct ou
par
call-back, et d'ailleurs pas seulement vers la
Belgique
ou dans le pays visité, ce qui offre une « roue de
secours » fort appréciable.
En pratique, ces mécanismes sont une application (parmi beaucoup
d'autres) de la fonction USSD du système GSM. Explication :
nous avons vu qu'en émission d'appels depuis l'étranger,
le visiteur en
roaming numérote directement sur le réseau
de l'opérateur hôte, tout comme un client local. Mais
s'il compose les codes de commandes propres à son opérateur
nominal (certaines combinaisons de chiffres et de symboles dièse
ou étoile, voir spécification GSM 02.90 pour tous les
détails), ceux-ci lui sont retransmis de façon
transparente et quasiment instantanée. Inversement,
l'opérateur nominal peut répondre, même du bout
du monde, en faisant s'afficher un texte sur l'écran du
mobile de son client en voyage. Il peut aussi, c'est évident,
le rappeler à son numéro local pour lui passer la
communication préalablement demandée, en ne payant à
l'opérateur du pays qu'un coût de terminaison
relativement modique.
Signalons
aussi des formules techniquement très innovantes, basées
sur une application « SIM Toolkit » capable
d'intercepter les numéros composés au clavier, puis
de les convertir automatiquement en USSD de demande de
call-back
!
Contrairement
aux SMS, dont les opérateurs se facturent réciproquement
(et pas toujours très loyalement...) l'acheminement, la
circulation des USSD est gratuite puisqu'il s'agit théoriquement
de simples « données de service ». Les
clients Mobicarte peuvent ainsi utiliser tout à fait librement
leur fameux #123# à l'étranger, non seulement pour le
« suivi conso » mais aussi pour accéder
à un menu parfois un peu étoffé par rapport à
sa version nationale (ne serait-ce que pour pouvoir appeler par
call-back
depuis certains pays seulement).
Un
client Tempo de Mobistar (belge ou mieux français
astucieusement équipé d'une carte de cet opérateur
du pays voisin) composera ainsi le *123*5100# pour être
aussitôt rappelé par le service clients (dont le numéro
court est 5100), et divine surprise, c'est gratuit ! N'en
déduisons surtout pas qu'un envoi de chaîne USSD est
toujours sans conséquence financière : un client
Proximus qui compose le #146# est ainsi débité de 7,50
€, le prix de l'option SMS qu'il vient en effet de souscrire !
Même chose chez Orange, où certaines rubriques du #123#
permettent d'acheter des « bons plans » de
toutes sortes, y compris depuis l'étranger pour certains
d'entre eux.
Mais attention ! Bien des commandes USSD qui fonctionnent sur le réseau
de l'opérateur nominal sont désactivées en
roaming
: les très pratiques « appelle-moi »
(#122*06xxxxxxxx# chez Orange) ou « recharge pour
moi »
(#126*06xxxxxxxx#) sont ainsi inutilisables depuis l'étranger,
alors même qu'elles y présenteraient un intérêt
accru. Lors de nos essais en France de la formule Tempo de Mobistar,
nous avons par contre pu utiliser sans aucun problème le
service équivalent « call me »
(#124#04xxxxxxxx#), vers un client également en
roaming, avant
même d'avoir chargé le moindre crédit sur notre
compte. Un bon point pour cet opérateur appartenant pourtant
lui aussi au groupe Orange !
Même
s'il est plus prudent de le faire à un moment où l'on
est à court de crédit (et donc sans risque de payer
quoi que ce soit !), composer au hasard des codes USSD donne parfois
accès à des fonctions non documentées, en cours
de mise en place, ou abandonnées. Chez Orange France, le
#121*06xxxxxxxx# permettait ainsi de reconnaître les numéros
de cet opérateur, jusqu'à l'entrée en
vigueur de la portabilité. Depuis le 28 août 2003, une
courte réponse signale la fermeture du service (que l'on
peut toutefois remplacer par une utilisation astucieuse, mais hélas
payante, du 06 80 80 80 80 !). Des points d'entrée pour
quelques investigations depuis la France ou l'étranger ?
Essayez donc de composer #123***# ou #123000#, puis validez par la
touche d'appel...
L'itinérance locale
Les
spécifications GSM prévoient, noir sur blanc, des
possibilités de
roaming
entre opérateurs concurrents
dans le pays d'origine du client, en vue de
« dépanner »
ce dernier dans les zones non couvertes par son réseau
nominal. La périodicité des tentatives automatiques de
retour à celui-ci peut même être enregistrée
dans les cartes SIM (fichier 7F20:6F31, dit « HPLMN search
period »).
Mais cette vision idyllique d'une concurrence sainement solidaire ne
résiste pas aux dures réalités commerciales... Fermement
incités par les pouvoirs publics et souvent aidés par
des collectivités locales appelées à mettre la
main à la poche, les opérateurs français ont
fini par adopter une approche technique pour le moins originale,
connue sous le nom d'itinérance locale ou encore de « réseau
partagé ». Dans les fameuses « zones
blanches » où il n'aurait même pas été
rentable d'accueillir les trois réseaux sur un unique pylône
mis à disposition par les communes ou le département,
il a ainsi été imaginé qu'un seul opérateur
ouvre un relais accessible indifféremment à ses propres
clients et à ceux de ses confrères.
Cette
pirouette se traduit par un code réseau (MCC-MNC) différent
des 208-01, 208-10, et 208-20 affectés respectivement à
Orange, SFR, et Bouygues. Un relais partagé installé
par Bouygues sera ainsi identifié par le code 208-88, tandis
que le code 208-13 s'affichera si la couverture est assurée
par SFR. D'une façon générale, bénéficier
de cet artifice (qui concernait tout de même déjà
1683 communes fin 2006) suppose encore de renoncer à certains
services et à la plupart des promotions tarifaires, mais les
choses s'améliorent petit à petit, ne serait-ce
qu'avec l'introduction du GPRS.
En
mer et par satellite
De
plus en plus de paquebots de croisière et de car-ferries sont
équipés d'un relais GSM embarqué, relié
par satellite au réseau d'un opérateur d'un pays
qui peut être absolument quelconque, puisque la couverture des
eaux internationales ne nécessite pas de licence. Encore
faut-il que cet équipement soit scrupuleusement arrêté
lorsque le navire entre dans des eaux territoriales, ce qui n'est
pas toujours le cas... Même si n'importe quel mobile (de
préférence bi, tri, voire quadribande) détectera
sans problème le réseau du bord, il ne parviendra pas
forcément à s'y inscrire, même manuellement. Il
faut dire qu'en pratique, le service s'adresse essentiellement
aux abonnés, signataires d'un véritable « chèque
en blanc » permettant de leur faire payer, hors forfait,
plusieurs euros par minute pour les appels émis ou reçus
!
Le
cas des clients prépayés est en effet plus délicat,
dans la mesure où la tarification pratiquée par leur
opérateur ne permet pas toujours cette majoration massive du
barème de
roaming...
Fini, par conséquent, le temps où
l'on pouvait appeler la France pour un euro par minute, avec une
simple Mobicarte, depuis le réseau italien TIM en navigant à
plus de 35 km au large des îles grecques : l'inscription du
mobile échoue désormais systématiquement,
interdisant même la réception (gratuite, il est vrai) de
SMS !
Il
a par contre été signalé, sur des
ferries
français, des cas de consommation ultra-rapide du crédit
prépayé de clients de certains opérateurs
britanniques. Encore bien des investigations en perspective, donc...
Une conclusion s'impose cependant d'ores et déjà :
un opérateur français, par exemple, est parfaitement
capable de déterminer si une demande d'inscription sur le
réseau TIM émane d'un client voyageant en Italie ou
sur un paquebot couvert par le même opérateur, mais pour
le compte d'un fournisseur de communications maritimes. A méditer
!
Dans
le même ordre d'idées, introduire une carte SIM dans
un mobile satellitaire est riche d'enseignements : un client abonné
pourra ainsi faire du
roaming,
à un coût acceptable en
cas d'usage modéré, sur un téléphone
Globalstar ou même Thuraya, mais pas sur un Iridium. Cet
opérateur couvrant le monde entier quasiment sans trou ne
pratique pas, en effet, l'hospitalité qui est la règle
entre opérateurs GSM, et ne sert que ses propres clients
(abonnés ou prépayés). Compte tenu des
conditions tarifaires très particulières des réseaux
satellitaires, les cartes SIM liées à des formules sans
abonnement ne pourront généralement pas s'y inscrire,
mais tout comme en matière de réseaux maritimes, il
faut vérifier au cas par cas. Nous nous y emploierons
évidemment au fur et à mesure des occasions qui
voudront bien se présenter !
Les appels d'urgence
On
sait que depuis que les opérateurs européens refusent
les uns après les autres d'acheminer les appels d'urgence
émanant de mobiles sans carte SIM (et donc pratiquement
anonymes), composer le 112 dans une zone couverte seulement par des
opérateurs concurrents du sien risque fort de se traduire par
un échec. Pourtant, la vocation même du 112 est de
permettre à n'importe quel téléphone portable
de joindre gratuitement les services de secours, par l'intermédiaire
de n'importe quel réseau couvrant la zone où il se
trouve.
D'un
point de vue technique, et sauf exceptions de plus en plus rares, il
faut désormais être dûment inscrit sur un réseau
pour avoir de bonnes chances que le 112 fonctionne. Cela retire
beaucoup d'intérêt à ce numéro d'urgence
européen par rapport aux numéros nationaux des services
de secours (pompiers, SAMU, police, etc.), eux aussi disponibles même
sans crédit. Les opérateurs seraient-ils en train de
s'ingénier à tuer à petit feu ce service qui
leur coûte de l'argent au lieu de leur en rapporter, même
si son but est de sauver des vies ? Il y a là un scandale
d'une belle ampleur, que de plus en plus de bonnes volontés
s'efforcent de faire éclater au grand jour (voir site de l'
European
Emergency Number Association).
Ironiquement,
un voyageur en
roaming
joindra plus facilement le 112 qu'un client
d'un opérateur local, puisqu'il peut généralement
s'inscrire sur tous les réseaux du pays visité. Guère
de salut, par contre, pour l'imprudent touriste qui se rendrait à
l'étranger sans avoir vérifié que son option
internationale a bien été activée !
Bref,
un citoyen français, soucieux de pouvoir appeler le 112 d'un
peu partout dans son propre pays, aura tout intérêt à
insérer une carte SIM... belge, voire polonaise, dans un
mobile de récupération, non simlocké et si
possible équipé de piles plutôt que d'une
batterie. A condition de recharger ne serait-ce que 10 € par an, il
aura ainsi accès aux trois réseaux concurrents et
pourra même, à partir du 30 septembre 2007, appeler l'Europe
entière pour 0,59 € par minute. Rendez-vous, par exemple,
sur le site de
Mobistar pour pratiquer le
roaming sans même sortir de France !
Patrick Gueulle Tous les ouvrages de l'auteurVous voulez soutenir une information indépendante ? Rejoignez notre
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