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Paru dans Pirates Magazine n°7
2000-06-01 00:00

Les filles ne comptent pas pour des prunes !


En lisant sa déclaration, j’ai failli étouffer de rire : « A ce jour, personne n’a encore identifié de femme pirate significative. Mais, mesdames, votre heure viendra. » L’homme qui tient ces propos devrait pourtant s’y connaître, c’est un agent du FBI ! Provocation ? Ignorance ? Trou de mémoire ? Mmmm... Depuis belle lurette, dans le piratage, qu’est-ce qu’on trouve ? Des filles, bien sûr !

Des femmes pirates, il y en a et il y en a toujours eu, même sur les mers, du temps des corsaires et des flibustiers. Que notre pseudo-expert consulte les annales de la police américaine, il y trouvera des cas de filles pirates. Petit rafraîchissement de mémoire.

Le cerveau de l’opération : une mère de famille

1987 : la police américaine est sur les dents. Elle doit démanteler un réseau de fraudeurs au téléphone. Le gang, fort de 150 complices, a cassé les codes PABX (private automatic branch exchange) d’une vingtaine de sociétés. Les intrus pénètrent les messageries vocales et téléphonent gratuitement en longue distance. La bande ne lésine pas, la note atteint déjà plus de 9 MF. La traque des policiers les conduit au cerveau de l’opération : Leslie Lynn Doucette, une femme de 35 ans, mère de deux enfants ! Connue des phreakers sous les pseudonymes de Kyrie ou Long-distance information, elle dirige un réseau de jeunes pirates qui la placent sur un piédestal. Elle leur enseigne son art du piratage par conférences téléphoniques. De tout le pays, ils lui envoient de l’argent. Cette brave mère de famille n’en est pas à son coup d’essai. Deux ans plus tôt, Leslie Lynn a fui le Canada avec ses deux gosses sous le bras. Et pour cause, elle venait d’y être condamnée pour fraude aux communications. Mais cette sanction ne la dissuade pas d’aller poursuivre, ailleurs, sa carrière lucrative de phreaker. Grisée par le succès, ou peut-être lassée de s’esquiver d’avion en chambre d’hôtel, elle court à la faute. Elle contacte le juge Gail Trackeray pour se vanter de ses exploits et lui proposer de servir d’informatrice. Mais madame le juge ne l’entend pas de cette oreille. Elle remet aussitôt les bandes magnétiques de leurs conversations aux services secrets. C’est dans un appartement, au nord de Chicago, que les policiers arrêtent Kyrie en mai 1989. Le chef de bande est condamnée à 27 mois de prison.

Susan Thunder, la reine du social engineering

Le cas de Susan Thunder est certainement plus célèbre. Souvent décrite comme une fille de mauvaise vie, limitée à ses frasques sexuelles, Susan Headley, alias Susan Thunder est en réalité la reine du social engineering. Sa route croise un jour celle de Lewis DePayne, dont elle devient la petite amie. Sous le pseudonyme de Roscoe, le jeune homme est le compagnon de piratage de... Kevin Mitnick et Susan fera désormais partie de la bande. Les garçons l’ont vite remarquée : Susan excelle dans l’art de la ruse pour parvenir à ses fins. La bande est inséparable jusqu’au jour où Susan apprend que Roscoe la trompe. Devenue pirate par amour, Susan décide de se venger de cette infidélité. Elle sera le principal témoin à charge dans son procès, et y gagnera sa propre immunité. Maîtresse dans l’art de la manipulation, elle intervient au congrès des hackers, le Defcon III à Las Vegas, sur son thème favori : « Le social engineering ou l’art de la subversion psychologique ». De conférence en démonstration, Susan Thunder attire des nuées d’admirateurs. Des fans lui dédient un forum de discussion sur l’internet. Mise au défi, officiellement, de pénétrer les systèmes d’une base militaire avec pour seuls outils un ordinateur, un modem et un téléphone, la jeune femme y parvient en quelques heures. Une fois encore, elle utilise sa meilleure arme : son pouvoir de conviction. En quelques coups de téléphone et en se faisant passer pour l’assistante d’un haut gradé, Susan se fait « confirmer » les mots de passe nécessaires. L’ordinateur n’intervient qu’en second lieu. Un peu plus tard, Susan abandonne le piratage pour une autre activité où elle peut exercer à loisir son art du bluff : elle devient joueuse de poker professionnelle.

Tout simplement plus malignes

Bien sûr, ces affaires ne sont que la partie émergée de l’iceberg, il ne s’agit que de la facette délinquante du piratage. Pas de figure de proue à la Mitnick ? Les garçons en déduisent immédiatement, comme mon copain Olivier, que « techniquement, elles n’assurent pas ! » . Normal les gars, vous faites erreur sur nos motivations. Tenez-vous le pour dit : les filles sont peu attirées par la technique pour la technique. Et rien ne nous rend un garçon aussi risible et peu sexy que celui qui n’est branché que par la technique. Je vous épargne les blagues de filles à ce sujet.
Mais surtout, le monde des pirates est, depuis des années, majoritairement blanc et masculin. Pas de quoi se sentir forcément à l’aise. Les filles n’y sont pas les bienvenues, traitées de prostituées ou de lameuses à peine elles pointent le bout de leur... nez. Poussées à se fondre dans la meute sous des pseudonymes masculins, ou à se retrancher entre consœurs, les filles ont encore du mal à trouver leur place parmi les pirates. Enfin, prétendre qu’il n’y a pas de femme significative dans le piratage, c’est gommer une caractéristique qui n’a pas échappé, elle, à nos policiers français : « Qu’il n’y ait pas de filles pirates arrêtées par la police ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. Les filles sont moins m’as-tu-vu et ne cherchent pas à attirer l’attention des foules sur leurs exploits. Elles sont peut-être tout simplement plus malignes pour ne pas se faire pincer ! » explique Marcel Vigouroux, patron de la Brigade centrale de répression de la criminalité informatique.

Effectivement, des filles pirates font peu parler d’elles et sont pourtant actives. Pourquoi piratent-elles ? Et qu’est ce que ça peut faire qu’il y ait des filles pirates ? Rendez-vous pour en parler dans le prochain numéro de Pirates Mag’. Mais d’ici là, j’attends vos commentaires !

Danielle Kaminsky

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