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Paru dans Le Virus Informatique n°2
1997-05-01 00:00

Santé conner ?! Les Arcanes véreuses de l’informatisation médicale



La médecine libérale vit ses dernières heures. D’un autre temps, elle accuse le coup de sa liberté. On l’accuse du trou de la Sécu. Alors qu’elle ne pèse que très légèrement sur la caisse maladie. Alors que le coupable n’est autre que l’« incusateur », l’État. Un Étatillon gangrené de technocrates, énarcocrates.

A fond la caisse !
Le facteur humain les débecte. Résultat : la S.S. est un puits sans fond. Et puis, c’est la faute du médecin. Ce couillon prométhéen n’entrave rien à l’économie. Là dessus, c’est vrai, l’administration s’impose en docteur économe. Entre fausses factures et faux chantiers, abus de biens sociaux et plâtre de la fracture sociale, Tibérinerie par ci, Crédilyonnisme par là, stimulation du chômage et simulation média-ritualisée de la reprise, rigueur-mortis et Juprimes d’État-mère… Nul doute, nos dirigeants savent où ils vont.

Machinisme, machinerie, machination ; mâchons enfants de la Patrie
Le pays est dans tous ses états, et le Tiers n’a pas le tiers des richesses, des libertés. Et le révolutionnaire de liberté ? Révolu ! Éventé ! « Tranquillisez-vous, anti-déprimez-vous : la police veille, vous n’avez rien à craindre de vous. Et nous non plus ». Quel rapport avec l’informatique ? A la fois bien ample et trop étroit. L’informatisation étatisée a le duplex avantage de constituer un marché pharaonique ainsi qu’un outil techno-médiacratique sensationnel. Les deux membres siamois du pouvoir (« écolitique » et « ponomie ») programment alors de concert cet informatisme forcé, forcené. Sécu aidant, c’est sur la médecine que ça tombe. Et ça tombe bien. Y’avait là des esculapes qui se permettaient encore des libéralités, des humanités. Allez zou ! Machinisme pour tous. Holà, pas si vite ! Et le syndicalisme ? Parlons-en du cas syndic. Causons surtout de MG-France, un de ses plus fameux représentants.

Un syndicat qu’a… des relations
Dès 1994, la société civile Praximed est montée par MG-F (56 %) et la société Crédit Lyonnais Service Développement (40 %). Une semaine après, nouvelle créature juridique : la SA et commerciale Medsyn qui pèse 250 000 F de capital. Praximed en détient 85 %. Les derniers 15 % étant aux mains d’une obscure boite hollandaise, d’obédience Crédit Lyonnaise.
Sachons tout de même que SA Medsyn est subventionnée par Hewlett Packard, Intel et Caremark. Ce qui n’empêche pas Medsyn de paumer, au cours de son premier exercice (de style ?), près de 1,3 millions de F. Le tout avec deux salariés. Qui dit pire ? Le C.L. renfloue alors la S.A. à profondeur d’un peu moins de deux millions. Depuis, une autre société, pas si anonyme que ça, puisqu’elle se nomme Diactis et se trouve actionnée par Rhône Poulenc Rorer (à hauteur de 99 %), a payé pour plus de 2,3 millions de bons et loyaux services à Medsyn. La facture rend compte de l’informatisation d’un quarteron de médecins du Gers ; une sorte de vitrine expérimentale, en quelque sorte, aux frais de la princesse. Ca nous fait dans les 100 000 balles par toubib ! Salée, la simple transmission des feuilles de soin par modem. Parce qu’en l’état, la réforme n’obligerait les pros de la santé à rien d’autre (même si la télétransmission s’étendra inéluctablement aux ordonnances et autres paperasseries numériques). Certain qu’à ce prix là, ces toubibs cobayes peuvent être ravis de leur matos, du gouvernement, de sa réforme, et en faire la propagande. De même que tous les privilégiés qui profiteront de cette offre publicitaire para-gouvernementale, para-syndicale, paradisiaque, mais surtout para-médicale ainsi qu’effrontément trompeuse.

Syndiqueux ni tête
Savant imbroglio juridico-financier, le cas Medsyn laisse perplexe. Un syndic a-t-il le droit moral de prendre part à l’aspect commercial de l’informatisation de sa corporation ? D’autant plus que cet intéressement remonte à 94 et qu’il s’est fait en sous-main, sans la consultation des syndiqués. Où est donc la représentativité, la légitimité de l’action ? Que sert-elle, sinon l’intérêt des chefs syndicalistes et la raison d’État ? La raison d’État étant toujours la plus forte en légitimation syndicale. C’est en effet le gouvernement qui choisit ses interlocuteurs, en décrétant (au sens légal) chaque année, quel organe il estime représentatif, qui a mérité l’estampille « syndicat », qui l’a perdu. La cuvée 97 intronise ainsi l’UCCSF, l’Union Collégiale des Chirurgiens et Spécialistes Français, curieusement favorable au projet réformateur, et dégrafe le SML, Syndicat des Médecins Libéraux, trop peu zélé au goût du gouvernement.

Tutti Quantifiable
L’informatisation de la Santé prendra certainement la forme d’un Intranet, un réseau auquel toute profession habilitée pourra se connecter. Un réseau où circulera la carte d’identité pathologique de chacun. La confidentialité, à la racine de toute l’éthique médicale, saura-t-elle résister aux assauts de l’info-trafic et de la gestionnite croc-nique ? Est-il grotesque d’imaginer nos banques, assurances, labo pharmaceutiques et autres vautours organisés, sauter sur cette mine de données ? Qui les retiendra ? Cet État qui nous prÈpare une refonte de la Loi Informatique et Liberté, trop restrictive à son goût ? Ces syndicats serviles, affairistes et clientélistes ? Non, décidément, difficile d’entrevoir qui pourrait nous préserver de ces nouvelles fiches d’état si viles.
Ce projet sonne la mort de l’artisanat médical, et l’ingérence étatico-industrielle dans nos moindres maux. Des « battletechnocrates » et le bizness médicamenteux vont pouvoir prescrire au toubib ce qu’il devra nous prescrire à son tour. Et lorsqu’on songe aux éclaboussures de l’affaire du sang « qu’on t’a mis dans l’nez », il serait plus sage d’apprendre dès maintenant à se passer de médics. Tous au chamanisme et à l’homéopathie !

M.A.O et lobotomisation
La Médecine Assistée par Ordinateur est une veine incroyable pour l’administration, les transnationales informatiques et pharmaceutiques. C’est une déveine pour la médecine libérale, déjà fragilisée et officiellement rackettée. Les petits cabinets et les indépendants ne pourront guère encaisser cette modernisation brutale et son surcoût. Le médecinat tendra inexorablement entre les gros cabinets polyvalents, espèce de pré-cliniques rentabilistes, et le simple fonctionnariat. Dans les deux cas, l’impersonnel et la routine informatisée sera de rigueur. Le D.A.O, Diagnostique Assisté par Ordinateur et la P.A.O, prescription du même acabit, transformeront le médicastre en lâche exécutant. La responsabilité, l’intuition et l’intelligence humaine seront évacuées de l’acte guérisseur. Le serment d’Hypocrate se fera serment Microcrate, avec allégeance obligée au doublé Intel/Microsoft. Et le patient, ravalé au rang de consommateur de soins, ne confiera plus sa vie aux mains d’un homme qu’il peut mater dans les yeux, mais aux codes d’un morceau de silicon, aux stats de la Sécu, aux puissances « laborotiques ». Il ne restera plus qu’à programmer une dernière D.A.O, une Déontologie Assistée par quoi-vous-savez, pour parachever l’évolution de nos soignants en cadres de la Sécurité Sociale. Le 21ème siècle s’ouvre radieusement sur l’ère du siliconnard, et si Satan existait, nul doute qu’il serait dieu de l’informatique. Bill Gates incarnerait alors son messie le mieux avisé. La traduction littérale de son nom est à cet égard évocatrice : Portes. Pour les Portes de l’Enfer ?
Jean Suimalad

Manque : 1 dessin de V. Ravel

Note : Nous avons décidé de laisser les fautes d’orthographe d’origine lors de la mise en ligne de cette archive


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