C'est la
scène de
l'abandonware : des
titres trop vieux pour être encore vendus dans le commerce
sont mis gracieusement à disposition du grand public par les
éditeurs et les
développeurs. D'un point de vue juridique, cela a
entraîné de nombreux
dérapages. On ne compte plus le nombre de sites clamant proposer
de
l'abandonware, ou même de magazines proposant des dossiers sur le
sujet, tout
en donnant une définition complètement farfelue du terme.
Par exemple, que « tout
jeu étant retiré du commerce depuis plus de cinq ans peut
être copié légalement
». Ceci est, bien entendu, totalement faux, un programme est une
œuvre de
l'esprit, tombant sous la coupe du Code de la propriété
intellectuelle. Ce
dernier stipule que le droit de propriété demeure tant
que l'auteur est en vie.
Et si le créateur de l'œuvre vient à disparaître,
les ayants droit bénéficient
d'une prolongation de ce droit pour 70 ans (article L. 123-1) !
Sous l'œil
malveillant des éditeurs
Lors de notre
enquête, nous avons pu constater d'une manière
générale que les éditeurs sont,
en général, très frileux vis-à-vis de ce
mouvement. Les jeux sont le nerf de
leur guerre, ils sont donc peu enclins à les distribuer
gratuitement, même
s'ils sont très anciens. En effet, peut-on imaginer un seul
instant Nintendo
distribuer gratuitement d'antiques Mario, lorsque l'on voit que
la
société n'a de cesse de les rééditer sur
les Game Boy successives au prix fort ?
Beaucoup de sites se sont vus contraints de fermer leurs portes suite
à la
pression de gros éditeurs, tels que Electronic Arts ou Lucas
Arts, pour n'en
citer que deux.
D'autres
(rares) éditeurs ont une vue un peu moins radicale sur ce
phénomène et
acceptent de jouer le jeu. Cryo nous déclare : « vis-à-vis
de certains titres
épuisés, non disponibles dans le commerce, assez anciens
et présentant un
intérêt particulier ou illustrant différentes
étapes de « l'histoire des jeux
vidéo », nous sommes disposés - si nos conventions
avec les équipes et les
auteurs, voire nos contrats de licence, nous le permettent - à
examiner
favorablement des demandes de la part de sites sérieux, offrant
toutes les
garanties de respect des droits moraux des différents
intervenants (visibilité
du packaging, des crédits, des copyrights, du manuel
d'utilisation, etc.). Mais
il est évident que nous ne pouvons tolérer la diffusion
de nos titres sans
notre accord et bafouant les droits les plus élémentaires
des auteurs et
éditeurs. » Les petits malins qui tentent de s'y
soustraire prennent le
risque de passer par la case prison (2 ans) et de débourser
jusqu'à 150 000 €
d'amendes, sans compter les dommages et intérêts.
Volez
mes jeux !
C'est un tout
autre
son de cloche chez les développeurs, qui pestent contre
l'immobilisme des
éditeurs. Des jeux retirés du commerce, ce sont des jeux
qui finissent par
sombrer dans l'oubli. C'est, en quelque sorte, une part de la culture
vidéo-ludique qui s'en va et, de l'avis des développeurs
fiers de leur travail,
il vaut mieux la distribuer gratuitement ! Mais ces derniers
possèdent encore
rarement les droits portant sur leurs œuvres, les ayants
cédés aux éditeurs.
Ils se retrouvent ainsi pieds et poings liés. Ainsi, Chris
Taylor avait déclaré
à Gamespot que s'il possédait encore les droits
de son jeu fétiche, Total
Annihilation, il l'aurait mis en libre téléchargement
depuis longtemps. Tim
Shafer, auteur entre autre des géniaux Day of The Tentacle
et Grim
Fandango, est plus extrême : « Allez-y, volez
mes jeux. Et
distribuez-les avec amour ! ». Seulement, dans la mesure
où il n'est pas
propriétaire des droits, son incitation est passible des
tribunaux !
Les
véritables jeux en abandonware
Voici une petite
liste non exhaustive de jeux en abandonware. Il en existe pour
quasiment toutes
les plates-formes du marché.
• Le développeur
français Lankhor est
l'un des pionniers du genre. Il propose en libre
téléchargement tous ses jeux
produits jusqu'en 1997 (sur Atari ST, Falcon, Amiga, Windows,
QL,
Amstrad CPC, Apple II, etc.). Les joueurs pourront (re)goûter aux
joies de hits
légendaires tels que Vroom, Le Manoir de Mortevielle
ou encore Maupiti
Island. Au total, plus de trente titres sont proposés, dont
quelques
ludoéducatifs. La société a, malheureusement,
fermé ses portes, il y a quelques
mois de cela.
• Factor 5 est un
développeur allemand
qui a fait ses premiers pas sur Amiga avec Katakis, R-Type
et BC
Kid. Ces trois titres sont téléchargeables sur son
site. D'autres sont
annoncés pour plus tard, espérons qu'il s'agit de la
trilogie des excellents Turrican !
• Cinemaware
a réalisé de très grands jeux : Defender
of the Crown, Wings, Lords of the Rising Sun, The
three
Stooges, Rocket Ranger, etc. Tous sont
régulièrement disponibles sur
le site officiel (Atari ST, Amiga, Windows, Commodore 64, Apple
II, NES,
etc.), à raison d'une poignée de titres par mois. Encore
plus sympa, certains
d'entre eux ont été réalisés en animations Shockwave
jouables en ligne !
• Dans
un registre
plus ancien, citons les jeux de la société Vortex,
disparue depuis de
nombreuses années. Les développeurs mettent à la
disposition du public la
quasi-totalité de leurs productions: Android 1 et 2,
Cyclone, Deflector, Highway Encounter
(ZX Spectrum, CPC,
C64, ...), etc.
• Design
Design Software est un autre
développeur disparu qui distribue des jeux pour machines 8 bits
(CPC, ZX
Spectrum, etc.) : Dark Star, Hall of the Things 1 et 2,
Nosferatu
the Vampire, Rogue Trooper, etc.
• Digital
Illusions a marqué l'univers du
jeu vidéo avec ses excellents jeux de flipper (Pinball Dreams,
Pinball
Fantaisies, Pinball Illusions). Benefactor, un
petit jeu de
plates-formes, est également disponible. Attention toutefois,
ces jeux sont
encore commercialisés pour la plupart (GBA, GP32), il n'est donc
permis de les
télécharger que pour son usage personnel (Amiga, Atari, Windows,
etc.).
• Scott
Adams a réalisé une série de
petits jeux d'aventure textuels (Windows, MacOS, Unix,
AmigaOS,
etc.), autrefois commercialisés et désormais
distribués en shareware.
L'auteur demande une petite contribution financière, si vous
êtes satisfait.
• Des
passionnés ont contacté des éditeurs
de jeux pour ZX Spectrum et ont obtenu des centaines d'autorisations,
notamment
auprès d'Alchemist Research, Aqua Soft, Beam Software, Cyberlab
Software ou
Diabolic Software … Un gage de sérieux, même si d'un point
de vue juridique, un
mail n'a pas la même valeur qu'une autorisation signée sur
papier !
• Genetic
Species est un Doom-like
sur Amiga de bonne facture, distribué gratuitement depuis peu
par Marble Eyes
Developpment.
• Al
Lowe est un développeur talentueux
et généreux. Non content d'avoir réalisé
quelques-uns des meilleurs jeux
d'aventure à la click and point de son époque (Leisure
Suit Larry 7,
par exemple), il propose gratuitement sur son site quelques-unes de ses
toutes
premières productions des années 80. Citons par exemple The
Black Cauldron
(aventure), Troll's Tale (aventure), Donald Duck's
Playground
(jeu éducatif), Mickey Space Adventure, etc. Selon Al
Lowe, Sierra et
Walt Disney auraient perdu tout intérêt pour ses jeux et
il aurait ainsi
l'autorisation de distribuer gratuitement ces quelques titres. Les
versions
proposées tournent sous Dos et d'autres
systèmes d'exploitation plus
récents.
• Un
bon jeu de stratégie de qualité
professionnelle gratuit ? C'est possible grâce à Strategic
Studies Group (SSG)
qui propose The Ardennes Offensive 2, très complet et
complexe. Pas de
panique, l'archive (compatible Win9x/Me) propose un
manuel à
imprimer au format DOC.
• B17
Flying Fortess (Dos)
de Microprose est un simulateur de vol qui a marqué le genre
lors de sa sortie
en 1992. Un site de fans a obtenu l'autorisation de le distribuer
gratuitement,
ainsi que son manuel.
• Betrayal
at Krondor, un des tout
premiers Rpg en 3D sur PC, offre une 3D primitive certes, mais
déjà efficace !
Le jeu n'est plus disponible sur le FTP de Sierra, mais son statut
abandonware n'a pas changé et l'on peut le trouver assez
facilement sur l'internet.
• Impressions
Games s'est décidé à distribuer
librement son hit Caesar (gestion/stratégie, Dos/Win
95).
Le manuel est, lui aussi, proposé en PDF.
• David
Braben et Ian Bell sont pour la
distribution gratuite de leur simulateur spatial culte Elite
(Archimedes, C64, Apple II, Amiga, Atari ST, Dos, Nes, etc.).
Mais suite
à d'interminables disputes, les développeurs n'ont
pu se mettre d'accord sur
le lieu de distribution (l'autorisation conjointe des deux est
nécessaire). La
situation semble, enfin, s'être débloquée ?
• Activision
propose quelques jeux d'aventures (Win
95, Dos ou MacOS) de la société…
Infocom dont elle détient
les droits: Zork I, Zork II et Zork III ainsi
que Zork:
The Undiscovered Underground.
• Un
RPG complet contre un mail ? C'est
Game Crafters qui le propose avec The Adventures of Maddog Williams
in the
Dungeons of Duridian (Dos, AmigaOS). Une suite
serait en
cours de réalisation …
• L'un
des meilleurs jeux de baston sorti
sur PC est sans conteste One Must Fall: 2097 d'Epic Megagames.
Si ce jeu
a débuté sa carrière en shareware, il est
également sorti dans le
commerce en version complète. Aujourd'hui les
développeurs ont décidé de le
distribuer gratuitement sur le net afin de promouvoir leur futur titre
utilisant la même licence.
• Les
développeurs allemands de la
société Neo offrent les plus anciens de leurs titres. De
nouveaux titres sont
proposés à diverses occasions (Noël, etc.). Citons,
par exemple, le jeu de
stratégie The Clue! (Dos, Amiga AGA).
• La
simulation spatiale économique Dynatech
est distribuée gratuitement sur le site officiel de ses auteurs,
reLINE. Le jeu
tourne sur PC (Win95 et Dos).
• Bluemoon
Software est une petite société de
développement qui a fait ses débuts dans le shareware.
Le succès aidant,
ses jeux étaient distribués dans le commerce ! La
société semble avoir cessé
toute activité depuis 2000, mais son site web propose toujours
en
téléchargement les premiers titres (Dos) : Kosmonaut,
sa suite Skyroads, Rocketz …
• L'Atari
Falcon propose quelques bons
jeux en abandonware. À titre d'exemple, Radical Race de
Pentagon, une
course de voitures futuriste en vue aérienne.
• Des
jeux Megadrive en abandonware ? Ça
existe ! Preuve en est avec Zero Tolerance 1 et 2 de
Technopop. À
noter que le second opus n'est jamais sorti dans le commerce, bien que
terminé.
• La
distribution gratuite du RPG culte Ultima
4 résulte d'une bourde d'un magazine de jeux vidéo.
Le jeu d'Origin ne
devait au départ être distribué que sur le CD-Rom
de la publication à des fins
promotionnelles. Mais le journaliste en charge du sommaire a
déclaré que le
titre était désormais dans le domaine du freeware,
ce qui était, bien entendu,
faux. Il n'en a pas fallu plus pour ouvrir la boîte de Pandore et
rapidement
des centaines de sites sur le net proposaient le jeu en libre
téléchargement.
Devant la situation, le développeur a décidé de
légaliser la situation en
autorisant la communauté des Dragons du monde d'Ultima - et
uniquement eux - à
distribuer gratuitement ce quatrième opus. Cela ne concerne que
la version PC (Dos,
Windows). Des patchs sont disponibles pour améliorer
les graphismes
du jeu.
• Pour
finir en beauté, un titre proposé
par la talentueuse équipe de Rockstar Games: Grand Theft Auto
(GTA)
premier du nom. Il suffit de remplir un formulaire de quelques lignes
pour
télécharger l'archive (qui pèse tout de même
328 Mo !). D'autres titres sont
annoncés.
Les
utilitaires aussi !
Il existe de
nombreuses solutions pour utiliser son ordinateur sans se ruiner. Voici
une
petite sélection de logiciels distribués
généreusement :
• Commençons
par le système d'exploitation: vous
trouverez des alternatives au Dos de Microsoft si vous avez un
PC ou MacOS
7.0.1 si vous avez un Mac !
• Macromedia
proposait la version 2.0 de son
éditeur HTML, Dreamwaver, avec l'aide de Wanadoo (Mac et
Windows).
• Le
gestionnaire de SGBD Superbase est
disponible dans sa version 2.01 française.
• Borland
met à votre disposition toute une gamme
de produits gratuits: Turbo Pascal 1, 3.02, 5.5,
7, Turbo C 2.01 et Turbo C++ 1.01, Turbo
Debugger Windows 5.5.
Vous pourrez également trouver C++ 5.5, Jbuilder 6
ou encore Delphi
6, sur son site. À ce sujet, l'éditeur nous
déclare : « Les éditions
Personnelles sont des produits complets, mais fonctionnellement moins
riches.
Parce qu'elles ne sont pas bridées ni dans le temps ni dans les
fonctionnalités
(elles y sont, elles fonctionnent, elles n'y sont pas la question ne
pose
pas !), une clé est obligatoire… Cela fait partie du jeu… Et
cela ne coûte pas
grand-chose d'être élégant en retour en remplissant
correctement le formulaire.
»
• Turbo
Forth est une implémentation
compacte et très rapide du célèbre langage Forth,
signée Marc Petremann,
bien connu de nos lecteurs.
•
Truespace, un modeleur 3D de
la société Caligari, est disponible gratuitement
jusqu'à sa version 1.04 pour Windows
3.1. PC Plus, le magazine anglais qui le proposait, l'a
retiré de
ses serveurs du fait de son ancienneté. Il vous faudra donc
faire quelques
recherches !
Vous trouverez plusieurs de
ces logiciels sur le site des BSA.
Kiwi
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