Comment nous avons perdu 230 euros chez CJ Affiliate (Conversant)

vers Virus Info


[accueil]  [menu]  [suivez-nous !]  [chercher]


Paru dans Le Virus Informatique n°38
2018-12-06 00:00
CR

Histoire et anecdotes sur Virus Info et Pirates Mag’



Les rédacteurs de la presse jeu vidéo racontent souvent leur vie dans les articles, au lieu de parler jeu vidéo. Nous estimons que c'est du gâchis de papier et, dans nos colonnes, nous ne parlons que très rarement de nos coulisses, à part lorsque nos propres expériences de consommateurs peuvent servir à d’autres, ou lors d’évènements importants comme les combats contre la Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse (CPPAP), la vaste campagne de calomnies subie en marge de l’affaire Tegam, etc.

Nous avons décidé à titre exceptionnel de revenir sur des aspects méconnus de l'histoire de Virus Info, avec plusieurs anecdotes en prime, en nous concentrant, cette fois, sur les premières et dernières années, faute de place. Vous découvrirez par exemple que, quand on réalise une publication intitulée Pirates Magazine, cela engendre parfois des fantasmes dans l'esprit du grand public ou de professionnels.

Avant-propos
Le sigle ACBM est né en 1986, il signifiait « Abruti, con, bête et méchant », même si plusieurs autres explications lui ont été trouvées par des lecteurs en rapport avec Commodore, des missiles, etc. À cette époque, encore lycéen, Olivier Aichelbaum (nom dans lequel vous retrouvez les lettres ACBM) pensait déjà à fonder une société, dans le domaine de l’informatique. En 1990, les choses se précisent : il envisage de lancer des services en ligne, sur Minitel puisqu’il ne connaît pas encore Internet. Le 3615 ACBM sera finalement lancé quelques années plus tard.

1995. La société éditrice d'Amiga Concept et CD Concept « tease » le lancement d'un magazine insolent dans le domaine des nouvelles technologies. Mais oublie d'indiquer le nom prévu : Le Virus Informatique. Et fait faillite quelques jours plus tard. Certains rédacteurs envisagent un temps de lancer le magazine en créant une nouvelle société, mais partent finalement dans d'autres directions.

Olivier, qui venait d'arriver dans l'équipe quelques jours plus tôt, rebondit ailleurs dans la presse informatique et jeux vidéo surtout. Il s'y sent bridé, car il est impossible d'écrire sur certains sujets pour ne pas froisser les sociétés qui passent de la publicité (ou inversement il est difficile de parler de produits dont les sociétés n’ont pas les moyens de faire de la publicité). Il décide de relancer le projet Le Virus Informatique, sans publicité dedans, pour publier les articles refusés ailleurs. Pendant un temps, il est envisagé de le rebaptiser Les Guignols de l'Informatique. Mais, compte tenu du risque de procès pour contrefaçon de l'émission Les Guignols de l'Info de Canal+, cette idée est abandonnée.

Le projet de magazine est présenté à divers éditeurs. Alain Ayache sera le seul à se montrer curieux, mais il ne donnera pas suite. Il faut donc se lancer seul. Une société est créée dans la chambre d’Olivier, à capital variable faute d’avoir les 50 000 F (7 500 €) obligatoires du départ à l’époque (une astuce légale). Pour financer le magazine, il est décidé de faire une compilation sur CD-Rom d'émulateurs sous statut freeware ou shareware (à cette époque, une telle compilation pouvait représenter une économie de frais d'Internet). Le projet sera présenté à divers éditeurs spécialisés, mais aucun n'y croira. Là encore, il faut donc se lancer seul. Heureusement, l'investissement nécessaire n'est pas trop important et les ventes sont suffisantes pour payer le futur imprimeur du magazine.

Plusieurs imprimeurs sont contactés. Aucun ne voudra du projet, même en payant à la commande ! Seulement un, Torcy Quebecor, acceptera la mission. Nous lui resterons fidèles jusqu'au bout (après des rachats successifs, il a fermé ses portes pour faillite). Quelques-uns des rédacteurs prévus à l'origine participeront de manière très ponctuelle, trop occupés par leurs autres activités. Plusieurs journalistes d'autres médias envoient des textes qu'ils ne peuvent pas publier dans ces autres médias.

1997. Les nouveaux bureaux, de vrais bureaux d’une surface d’environ 25 m², sont quasiment vides. Il n'y a que quelques meubles achetés à une vente aux enchères avec un IBM PS/2, et un PC de type Pentium faisant partie du capital initial de la société.

Le premier numéro de Virus Info sort en kiosques. Le jour même, nous recevons la première menace de procès. Elle vient de FJM qui publie le magazine Consoles News. Il est vrai que l'article est injurieux (une erreur de jeunesse…). Son rédacteur n'est pas resté longtemps dans notre équipe ; il est parti travailler chez… Consoles News ! Nous avons demandé au Canard Enchainé le nom de son avocat, nos confrères nous redirigeront vers Arnaud Montebourg (devenu ministre par la suite). Finalement, FJM renoncera à un procès.

Le lendemain de la sortie du premier numéro, nous avons reçu près d’une cinquantaine de lettres souvent manuscrites, contenant des informations, de longs avis sur l’informatique… Nous qui venions de magazines qui inventaient les courriers des lecteurs, faute d’en avoir assez, nous avions senti qu’il se passait quelque chose…

Grosse bêtise : Sylvain Cadet, le rédacteur en chef adjoint, a mis une cigarette dans la poubelle de la rédaction, qui a pris feu. Heureusement, nous l'avons éteint rapidement. Puis, un peu plus tard, nous avons descendu les affaires brûlées dans le conteneur en bas de l'immeuble. Dans ce conteneur, nous avons trouvé des ordinateurs, des écrans, des logiciels et des documentations techniques. Certes, le matériel était ancien (de génération 286, à l'heure de gloire du Pentium), mais en état de marche et suffisant pour taper des articles. Outre des PC à la rédaction et des Mac pour la mise en page, diverses autres machines ont été utilisées : Atari ST, Amiga, Next, Bebox…

Nous avons acheté quelques exemplaires neufs d'OS/2, ainsi que du matériel plus moderne, lors de la vente aux enchères d'une boutique d'informatique qui avait fait faillite. Lors des tests pour en vérifier l'état, le rédacteur en chef a posé sa main sur un transformateur pour PC branché sur le secteur. Il a senti son corps s'immobiliser et les « plombs » du bureau ont sauté. Nous avons ouvert le transformateur et avons trouvé une pièce de monnaie dedans, qui faisait un contact électrique là où il ne fallait pas. La vie de journaliste au Virus Info est parfois dangereuse !

Le numéro 2 de Virus Info sort, il est bleu. Nous avions prévu de changer de couleur d’impression à chaque numéro. Le numéro 4 devait être vert. Mais nous apprenons entre temps que les ventes du 2 sont en forte baisse. Un professionnel de la presse nous explique que cela peut venir de la couleur du magazine, trop discrète. Nous décidons donc de conserver le rouge initial, avec succès. Initialement, imprimer en noir et une seule autre couleur permettait de faire une économie. Désormais, nous imprimons en quadrichromie, cela n’a pas d’influence sur le prix de fabrication. Le magazine pourrait donc utiliser toutes les couleurs, mais nous préférons conserver la bichromie d’origine, devenue signature du magazine. Il n’est pas impossible que nous imprimions en couleurs de futurs hors séries, comme à l’époque.

Nous avons mis, dans le magazine, une publicité de vente par correspondance pour nos quelques exemplaires d'OS/2. À notre surprise, le stock a été vendu très rapidement. La recherche d'un nouveau stock semblait vaine, mais finalement nous avons trouvé, avec l'aide d'un employé d'IBM, quelques centaines d'exemplaires chez un grossiste qui n'arrivait pas à les écouler. Grâce au prix bas que nous proposions, c'était un bon plan pour faire une mise à jour de façon économique vers un système plus moderne de Microsoft.

En fait, le tout premier produit de la société était un t-shirt. Un seul exemplaire a été vendu. Nous avons proposé d’autres t-shirts par la suite vendus dans le magazine. Les ventes ont été très mauvaises, à part pour le modèle Linux Soft Revolution de Bruno Bellamy (écrivez-lui sur Facebook et Twitter, il lui en reste !). Autant dire que nous n’avons pas été chauds lorsque des lecteurs nous ont incités récemment à refaire des t-shirts ! Nous tentons quand même l’expérience, avec un meilleur succès cette fois, il semblerait.

Nos locaux à Colombes ont été cambriolés à plusieurs reprises. Malheureusement, nous ne pouvions rien faire (à part partir à la fin de notre contrat de location...), la sécurité du bâtiment n'étant pas entre nos mains. Lors d'un cambriolage, un lot d'OS/2 en version sur disquettes a été volé (pas la version sur CD-Rom plus légère !). Lors d'un autre cambriolage, les voleurs sont repartis avec un PC portable, un Papman de Toshiba, techniquement dépassé. Visiblement, nous avions affaire à des connaisseurs de « sasfépus ». Ou alors ils ont été très déçus.

À la même adresse que nous, mais au rez-de-chaussée, se trouvait la direction des Assedic de la région parisienne. Là où les sociétés doivent envoyer le paiement de leurs cotisations. Lorsque nous donnions notre adresse à de petites boutiques pour établir les factures, on sentait parfois un certain malaise chez les gérants. Autre anecdote : alors que notre boîte aux lettres était à un mètre de la sienne, l'administration nous envoyait ses courriers par la poste. Histoire que cela coûte plus cher et prenne plus de temps !

Le bureau était souvent envahi par des dizaines de coccinelles. Le bruit courait que nous éditions Les Pucerons Informatiques ?

Le fondateur et directeur de Surcouf nous a contactés : il voulait des articles amusants pour agrémenter les pages de son catalogue. Les discussions n'ont rien donné.

L'éditeur d'Okaz, un magazine consacré aux jeux vidéo et aux petites annonces, contacte notre rédacteur en chef pour qu'il lui rédige des articles. Quelques années plus tôt, c'est notre rédacteur en chef qui, encore étudiant, avait écrit, en vain, à cette personne pour travailler dans son Micro News. L'aventure d'Okaz ne durera que quelques numéros. Certes, la liberté de ton y était totale, mais certaines idées pour améliorer la ligne éditoriale sont refusées. La rédaction de Virus Info décide d'utiliser ces idées refusées par Okaz dans le cadre d'un nouveau projet : Les Puces Informatiques. Avec succès.

Un investisseur nous demande son aide, car il souhaite lancer un magazine spécialisé dans l’occasion… automobile. Les discussions ne mèneront à rien.
1998. Deux nouveaux projets sont envisagés par l'équipe : Pirates Magazine et Linux Magazine. Une marque est déposée pour le premier, pour le second il est prévu de le faire plus tard. Nous lançons Pirates Magazine, consacré à la sécurité informatique. Quelques semaines plus tard, nous découvrons que les Éditions Diamond lance GNU/Linux France Magazine. Cette société étant bien plus grosse que nous, nous décidons d'éviter d'entrer en concurrence, surtout que nous pensons ne pas pouvoir apporter grand-chose de plus au créneau. Nous envisageons de lancer Courant Alternatif, un magazine consacré aux plates-formes ni PC, ni Mac, soit les Amiga, Atari ST, BeBox… Finalement, nous sentons ce marché insuffisant pour faire vivre une publication, nous voyons les difficultés de ST Magazine, Dream (devenu Login)… Nous arrêtons avec regrets ce projet. Un nouveau projet est lancé : Pocket Magazine, consacré aux PDA. Mais Posse Presse lance Team Palmtops sur ce créneau. Nous décidons d'axer Pocket Magazine sur les jeux vidéo mobiles.

Nous publions un test de logiciel dans Virus Info et sommes très critiques à son égard. Ce que le rédacteur en chef ne savait pas, c'est que ce logiciel avait été réalisé par celui qui avait été son professeur de sport (apprécié) au collège. Ce dernier téléphonera à la rédaction, sans rancune. Un peu plus tard, c'est son ancien professeur de français qui nous téléphonera. Nous espérons qu'il n'a pas eu le sentiment d'avoir raté sa vie à cause des nombreuses fautes d'orthographe et de grammaire dans notre magazine.

Nous contactons le fondateur de l'ETAJV (Encyclopédie des Trucs et Astuces de Jeux Vidéo), qui deviendra Jeuxvideo.com par la suite, et lui proposons de faire un magazine en kiosques à partir de son contenu. Le projet ne pourra se faire pour une simple et bonne raison : les astuces fournies par le site n'étaient pas vérifiées avant publication. Plus tard, Jeuxvideo.com reprendra certaines de nos informations « exclusives », sans en indiquer la source.

Les secrets d’un prix stable depuis plus de 15 ans

Imaginez la voix de Philippe Bouvard (ou Laurent Ruquier si vous êtes plus jeune) aux Grosses Têtes de RTL : « Question de Korben sur Twitter : Comment faites-vous pour tenir ? » Nous souhaitons que nos informations soient accessibles au plus grand nombre, c’est pour cela que nous tenons à conserver un magazine au prix de 2 € (ou un peu plus, en fonction des pays) depuis plus de 15 ans. En ayant un « grand » nombre de lecteurs, nous pouvons atteindre l’équilibre financier (en partie parce que les exemplaires invendus nous coûtent cher). Nous l’avons déjà fait, mais c’est difficile, la plupart des derniers numéros en date sont en pertes. Nous faisons notre maximum pour ne pas baisser la qualité, mais nous devons reconnaître que notre budget investigation a été réduit, notamment pour les voyages. Alors que les coûts d’impression (toujours en France) et de distribution ont explosé, nous avons dû ruser pour réduire les autres postes de dépenses. Par exemple, nous avons réduit la qualité du papier (à l’époque, il était plus blanc et plus épais). Nous avons aussi réduit la quantité de texte par page et augmenté la taille des caractères, ce qui fait une petite économie ; c’était de toute façon un casse-tête de tout caser dans les pages et avec l’âge notre vue a baissé (et sans doute celle de nos anciens lecteurs aussi). L’installation en Estonie nous a permis également de réduire la facture globale, parce que les formalités administratives sont plus centralisées, plus simples et plus rapides (c’est un pays de l’Est, mais les autres économies sont faibles surtout dans la capitale, le coût de la vie est d’un niveau occidental, la riche Finlande se trouve à quelques dizaines de kilomètres). En France, il nous fallait une personne quasiment à plein temps pour s’occuper de la « paperasse », ici quelques heures par mois à peine. Nous économisons également en ne recrutant pas de relecteur pour le moment (au prix, malheureusement, de fautes plus nombreuses dans les articles et la mise en page). Comme lors des dernières années de la première période en France, la société ne loue aucun bureau, faisant appel aux services d’une secrétaire partagée avec d’autres. Nous travaillons, par exemple, dans des bibliothèques, des lieux extérieurs équipés de Wi-Fi (même la plage !), etc. La contrepartie est que nous n’avons plus de « laboratoire » et devons faire l’impasse sur les tests pour certains types de produits. Plus encore qu’avant, nous utilisons du matériel de récupération (parfois en panne, puis réparé) afin de limiter au maximum nos achats.
Pour faire face aux pertes, l’équipe peut réaliser des prestations comme du conseil pour le lancement de magazines sans publicité à l’intérieur, du conseil pour les litiges avec la CPPAP, etc. C’est, malheureusement, moins de temps consacré au contenu de Virus Info lui-même. Parlez du magazine autour de vous, pour que nous puissions nous focaliser sur lui !



Vous trouverez la suite de ce long article dans Virus Info 39



Vous voulez soutenir une information indépendante ? Rejoignez notre Club privé !

Vous pouvez recopier librement le contenu de cette page ailleurs (en indiquant le lien de cette page), mais sans le modifier ni en faire un usage commercial. Ce contenu est sous licence Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
Creative Commons License

[homepage]  [RSS]  [archives]
[contact & legal & cookies]  [since 1997]