Comment nous avons perdu 230 euros chez CJ Affiliate (Conversant)
[accueil] [menu] [suivez-nous !] [chercher]
Paru dans
Le Virus Informatique n°48 CR
Édito : ce qu’aurait (peut-être) dû dire Quantic Dream
Accusée d’ambiance toxique en 2018, Quantic Dream est depuis sans cesse la cible de médias et de joueurs. Ubisoft a dû faire face en 2020 à des accusations encore plus graves à la fois sur la qualification des faits reprochés et le nombre de cas (cette autre société est, il est vrai, beaucoup plus grosse). Mais la mauvaise passe d’Ubisoft semble avoir duré bien moins longtemps. Il faut dire qu’Ubisoft et Quantic Dream ont communiqué de manière presque opposée dans l’adversité.Ubisoft a fait immédiatement son
mea culpa et promis des mesures pour que les incidents décrits par la presse ne se reproduisent pas. Au contraire, Quantic Dream a clamé son innocence encore et encore, allant jusqu’à exagérer l’impact de décisions de justice positives tout en passant sous silence d’autres passages moins favorables. Ce qui s’est retourné contre elle de manière amplifiée, médias et joueurs ayant l’impression (justifiée) d’être manipulés.
Il est où le mea culpa ?Non, au contraire, la direction de Quantic Dream aurait dû admettre plus tôt sa responsabilité dans ce qui s’est passé dans ses locaux et reconnaître cette responsabilité publiquement dès son premier communiqué aux joueurs et à la presse. Expliquer ce qui s’est passé de manière transparente : un employé a fait des photomontages en dehors de ses heures de travail, certains odieux, car il y avait un conflit entre une petite poignée de personnes, mais ce malheureux incident isolé est loin de représenter l’ambiance générale dans la société, Quantic Dream n’a jamais demandé à un employé de faire de tels photomontages, elle regrette de ne pas être intervenue plus tôt et promet de faire mieux la prochaine fois, la porte reste ouverte, tou(te)s les salarié(e)s sont invité(e)s à remonter les problèmes éventuels, Quantic Dream respecte les personnes de toutes origines, de tous sexes et toutes orientations sexuelles, et impose le respect commun, c’est ce qui permet le succès de ses jeux. Encore une fois, tout cela directement dans ses communiqués de presse et sur les réseaux sociaux. Car, dans la réalité (pour l’instant nous n’avons eu aucun témoignage contraire en tout cas), l’ambiance y est plutôt bonne. Mais le message de cette bonne ambiance n’est pas passé, et ne passera pas, de la façon dont Quantic Dream procède, sans
mea culpa pour son erreur indélébile. Et, même si elle rétorquera que c’était la faute de quelques employés, la direction a commis l’erreur d’avoir recruté de mauvaises personnes qui ne respectaient pas ses valeurs d’acceptation des autres.
Mieux recruterDans la presse de 2018, il y avait un autre reproche : David Cage, le patron, est très directif, des (ex-)créatifs se plaindraient qu’il veut avoir le dernier mot, qu’il fait faire et refaire le même travail, du temps perdu. Dans le contexte général des articles, cela ressort de manière négative. Là encore, Quantic Dream devrait mieux communiquer. Et, sur ce point, elle peut même surfer sur la critique et la transformer en avantage : «
notre boss
est une diva, fortes personnalités qui voulez lui imposer vos idées, ce n’est même pas la peine de nous envoyer vos CV. » Et voilà des erreurs de recrutement facilement évitées ! Car il est parfaitement légal d’être une diva et d’autres professionnels, au contraire, voudront même travailler avec David Cage pour cette raison-là, plutôt qu’avec un patron plus effacé. Après tout, il a déjà pas mal de succès à son actif auprès d’un certain public.
Petite « digression » : votre serviteur a travaillé sur le tournage de
Tenet, le film de Christopher Nolan sorti sur les écrans en 2020. Une semaine de tournage à filmer et refilmer la même scène, encore et encore, pour au final seulement quelques minutes conservées. À aucun moment, je n’ai entendu (ni ne me serais permis de dire) une critique du type «
Christopher, ça commence à bien faire, on fait la prise encore une fois et c’est fini ! » Car le réalisateur connaît son travail, son équipe le sait : il fait différents tests pour positionner la caméra, modifier le jeu des acteurs et voir ce qui fonctionne le mieux à l’écran. Dans l’industrie du jeu vidéo, c’est pareil, ce n’est pas une science exacte, il faut faire et refaire des essais pour trouver ce qui fonctionnera le mieux pour les joueurs, quitte à parfois revenir à la proposition initiale. Et, quoi qu’il en soit, les employés sont payés pour ce temps passé à travailler. Celui qui ne comprend pas la nécessité de ces multiples itérations est - et la critique vaut aussi pour les journalistes spécialisés - un mauvais professionnel du jeu vidéo.
Ceci dit, au terme d’une longue enquête qui vous passionne depuis
Virus Info 44 à lire vos abondantes réactions, vous trouverez dans
Virus Info 48 la suite de nos révélations sur cette affaire Quantic Dream et son traitement médiatique.
Mise à jour du 16/07 : alors que la pression médiatique était retombée contre Ubisoft, le syndicat Solidaires Informatique « relance la machine » et porte plainte, avec deux personnes, pour harcèlement sexuel contre la société, plusieurs de ses responsables et anciens responsables.
Vous voulez soutenir une information indépendante ? Rejoignez notre
Club privé !
Vous pouvez recopier librement le contenu de cette page ailleurs (en indiquant le lien de cette page), mais sans le modifier ni en faire un usage commercial. Ce contenu est sous licence Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
[homepage] [RSS] [archives]
[contact & legal & cookies] [since 1997]