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2022-10-14 14:52

Ukraine : le pays le plus numérisé du monde ?



Lorsque Valeriya Ionan, vice-ministre en charge de l’intégration européenne au Ministère ukrainien de la transformation numérique, a fait sa présentation au Tallinn Digital Summit 2022, ce fût une surprise générale parmi les délégations de gouvernements étrangers. Encore plus chez les Estoniens organisateurs qui croyaient leur pays à la pointe de la numérisation : ils se sont fait dépasser !

Le Ministère de la transformation numérique a été créé en 2019 afin de moderniser l’Ukraine. Objectif d’ici 2024 : 100 % de numérisation des services administratifs sous la bannière Diia (« action », en français), 95 % de connectivité à Internet dans la population, six millions de personnes mises à niveau sur le plan numérique, 17 milliards de dollars ou 10 % de part du PIB représentés par les nouvelles technologies. Selon les derniers chiffres communiqués, le pays comptait 5 000 sociétés spécialisées et 200 000 informaticiens. Un hub dédié, Diia City, a été créé début 2022 pour les attirer, offrant 9 % d’impôts sur les sociétés et 6,5 % de taxes sociales. Les objectifs devront, bien sûr, être revus à la baisse en raison de la guerre avec la Russie. Mais cette guerre a aussi, paradoxalement, entraîné la création de nouveaux services dédiés, ainsi que nous allons le voir dans un instant.

Des services bientôt accessibles à vous aussi
Diia, c’est déjà près de 7 millions d’utilisateurs (sur une population de 44 millions) de 90 services publics, dont la possibilité d’enregistrer une compagnie en 10 minutes seulement. L’application mobile correspondante permet de stocker et de partager au format numérique 14 documents officiels dont la validité peut être confirmée par un QR code, comme le permis de conduire ou la carte d’identité utilisable pour des vols d’avion à l’intérieur du pays, pour récupérer un colis, etc. La validité est la même qu’un document papier. Une première dans le monde ! L’application permet aussi de signer numériquement des documents en se photographiant, ce qui permet, par exemple, d’ouvrir un compte bancaire. L’Ukraine travaille à la mise en place, d’ici deux mois, d’une e-résidence sur le modèle estonien, une partie de ces services sera disponible pour les informaticiens étrangers à distance. Le parlement ukrainien a déjà voté la loi. Le taux d’impôt sur le revenu annoncé est de 5 %, mais il faudra vérifier avec le pays de (vraie) résidence ce que disent la loi locale et les accords fiscaux éventuels…

Des services en ligne adaptés à la guerre
Nous le disions, Diia a été mise à jour dans le cadre de la guerre. Un certificat de déplacement a été rajouté pour les millions de réfugiés ailleurs en Ukraine. Sa création ne prend qu’une minute. C’est au même endroit que peut être demandée une aide financière gouvernementale, signaler de manière détaillée une habitation abîmée ou détruite, regarder la télévision ou la radio nationale (alors que les antennes d’émission ont été détruites) ou même jouer à un mini-jeu d’action, eBayraktar, dans lequel il faut envoyer des drones bombarder des véhicules ennemis… Cela fait un peu fourre-tout avec des choses pas forcément utiles. Le robot de discussion Evorog l’est plus : il s’agit de « crowdsourcer » la récolte d’informations en permettant à la population de signaler à son armée des positions ennemies, des crimes potentiels ou des mines à retirer. L’Ukraine se targue, en outre, de la mise en place d’une cyber-armée chargée de défendre les infrastructures numériques du pays et d’attaquer l’informatique des militaires russes. Au chapitre des nouvelles technologies, le pays aurait aussi déployé un millier de drones sur le champ de bataille, tandis que 17 écoles forment les futurs pilotes. Ces appareils sont en grande partie offerts ou financés par des contributeurs étrangers (70 appareils l’ont été par des Estoniens, particuliers ou sociétés, par exemple).

Et la sécurité ?
Tout ceci est séduisant, mais fait peser un risque d’usurpation d’identité. L’écosystème Android, utilisé par la majorité des smartphones, manque de sécurité que ce soit à cause des failles du système d’exploitation lui-même ou de la présence d’applications nocives dans les boutiques de téléchargement. À ce jour, nous ne connaissons pas de malwares ciblant Diia en particulier, mais c’est sans doute une question de temps, il n’y a qu’à voir le nombre d’outils pirates volant déjà les identifiants bancaires ou autre. Le monde de l’iPhone n’est pas sans danger non plus, l’épisode du logiciel espion Pegasus le démontre. Valeriya Ionan a accepté de répondre à quelques questions supplémentaires de notre part à ce sujet (lire plus bas).

D’ici 2030, l’Ukraine a des objectifs encore plus ambitieux : la fin de la « paperasse » et des billets de banque, des procès et actes notariés en ligne avec intervention de l’intelligence artificielle, les douanes les plus rapides du monde, encore plus d’éducation à distance et de télémédecine…

Entretien avec Valeriya Ionan, vice-ministre en charge de l’intégration européenne au Ministère ukrainien de la transformation numérique


Tous les jours, on nous dit que l’Estonie est le pays le plus numérisé du monde. Pourtant, nous venons de découvrir que la numérisation de l’Ukraine semble l’avoir dépassé et nous n’en savions rien ! Pourquoi ?
Nous étions sur le point de communiquer à ce sujet à plus large échelle, mais la guerre déclenchée par la Russie a changé nos plans.

La solution estonienne est open source. Êtes-vous partis de cette solution ou avez-vous tout réalisé de A à Z ?
Cela fait une dizaine d’années que nous échangeons avec l’Estonie. Notre solution est basée sur la dorsale numérique estonienne X-R, mais nous avons développé plus de choses autour. Nous allons d’ailleurs partager à notre tour nos travaux avec d’autres pays, dont l’Estonie.

Votre application Diia fonctionne sur Android. Si un pirate prend le contrôle d’un téléphone sous Android, il peut se faire passer pour l’utilisateur légitime, par exemple pour signer des documents. C’est dangereux…
Les utilisateurs doivent être formés aux bases de la sécurité et tout se passe bien.

Un utilisateur même correctement formé ne peut pas être 100 % en sécurité si son système d’exploitation n’est pas sécurisé. Avez-vous une solution pour un navigateur Web pouvant être utilisé sur un système d’exploitation plus sûr que ce soit sur ordinateur ou autre appareil ?
Oui, nous avons un site Web qui permet de consulter les informations. [La vice-ministre nous fait une démonstration]

Mais y retrouve-t-on la totalité des services et informations de l’application mobile ? Peut-on, par exemple, consulter les pièces d’identité sur ce site Web comme dans l’application mobile ?
Non. Cela n’aurait pas de sens de montrer son permis de conduire sur un ordinateur.

Mais il serait possible de le montrer sur un téléphone équipé d’un système d’exploitation plus sûr.
Il y a un autre paramètre qui entre en jeu : des utilisateurs comme des personnes âgées ne maîtrisent pas forcément l’outil informatique. La facilité d’utilisation est importante.

Un site Web peut être simple à utiliser si bien conçu. Il aurait été possible de faire la même chose sous forme de WebApp aussi. Utilisables sur des systèmes sécurisés.
Notre application est solide, conçue par nos meilleurs experts, il y a un bug bounty pour identifier et corriger les failles.

Certes, mais la sécurité dépend aussi de l’environnement où fonctionne cette application. Or Android n’est pas sûr. C’est comme avoir une porte blindée sur une maison en bois.
Si vous voulez parler de technique, je dois vous mettre en relation avec le chef de l’informatique de notre pays.

Ce n’est pas notre propos, nous parlons ici des conséquences des choix qui ont été faits. Des Ukrainiens pourraient avoir leur identité piratée. D’autres pays sont sensibilisés au risque de sécurité mobile et aux problèmes posés par Android. La Russie travaille sur son système d’exploitation mobile plus sécurisé.
[Visiblement affectée] Je ne veux pas parler de la Russie. Toutefois je rappelle que des spécialistes ukrainiens ont piraté des sites Web russes.

Nous comprenons votre réponse dans le contexte actuel. Mais nous ne parlions pas de la triste guerre, plutôt de la sécurité de l’identité de citoyens ukrainiens sur leurs appareils mobiles face à des pirates qui peuvent être dans divers pays, pas seulement la Russie.

L’entretien devra s’arrêter ici en raison de l’emploi du temps de la vice-ministre. Elle nous a proposé d’échanger nos contacts avec nos smartphones en NFC. Pour des raisons de sécurité, nous n’utilisons pas cela, contrairement à elle.




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