Dans Pirates
Mag’ 6, nous avons vu comment il est possible de
créer une société dans un paradis fiscal pour échapper aux impôts. Bien
sûr, votre pays a prévu tout un arsenal juridique contre celui qui
voudrait lui échapper de cette façon. Alors pour ne pas finir derrière
les barreaux, il existe une autre méthode.
Comble de bonheur, cette méthode fonctionne aussi
pour ceux qui veulent éviter de passer un séjour dans l’armée (surtout
si elle participe à un conflit avec lequel ils sont en désaccord),
participer à un jury populaire, etc. Mais revenons à l’aspect purement
économique.
A la création d’une société en France par exemple, il faudra payer des
droits d’enregistrement et d’autres frais divers obligatoires. Puis les
ventes et prestations seront soumises à une TVA (généralement 19,6 %).
Le créateur devra également payer l’impôt sur les sociétés de 33 % des
bénéfices (+ 10 % de ces 33 % à titre temporaire, un temporaire qui
dure depuis des années...), l’impôt forfaitaire annuel en fonction du
chiffre d’affaires (même si la société est en pertes !), la taxe
professionnelle, etc. Une fois que le créateur se verse des dividendes,
ceux-ci sont soumis à l’impôt sur le revenu soit jusqu’à plus de 50 %
encore. Si le créateur souhaite se payer en salaire plutôt, il devra à
la place verser en cotisations sociales environ 70 % du salaire net
qu’il souhaite percevoir. Le jour où il voudra fermer sa société, il
devra payer à nouveau des droits d’enregistrement ainsi que d’autres
frais divers obligatoires. Et on ne vous parle pas des fonctionnaires qui s’acharneront à vous mettre les bâtons dans les roues encore et encore, même si vous respectez la loi... Face à un tel régime confiscatoire qui écrase le citoyen honnête, il est
logique que certains cherchent à sortir du système, tout en restant dans la légalité.
La théorie des cinq drapeaux
A moins d’être né dans un pays à l’état civil embryonnaire (certains
pays d’Afrique noire ne recensent pas les naissances, mais en
contrepartie obtenir un passeport pour sortir de ces pays est
difficile...), vous êtes fichés depuis le jour de votre naissance, et
le serez jusqu’à la fin de votre vie (et même après...). Pour gagner en « invisibilité », il
va falloir suivre l’adage selon lequel il ne faut pas avoir tous ses
oeufs dans le même panier, c’est-à-dire se débrouiller pour :
- avoir la nationalité et le passeport d’un pays qui ne taxe pas ses
citoyens sur les gains réalisés à l’étranger.
- vivre dans un paradis fiscal de personnes (Monaco sauf pour les
Français, Andorre, Campione...), ou devenir « touriste permanent ».
- gagner de l’argent dans un paradis fiscal de sociétés (certains états
des USA comme le Delaware, par exemple).
- conserver son capital dans un ou plusieurs pays sûrs et bénéficiant
du secret bancaire (la Suisse, le Liechtenstein...).
- dépenser son argent dans un ou plusieurs autres pays, généralement
des pays où les prix et/ou la TVA sont bas.
Bref, ne soyez plus victimes de la mondialisation, devenez citoyen du
monde ! Revenons sur les trois premiers points, les plus importants,
pour quelques précisions.
Obtenir un second passeport
Le passeport américain est considéré comme « le plus cher du monde ».
Beaucoup rêvent, en effet, de l’avoir coûte que coûte. Mais on peut
voir l’expression « le plus cher du monde » sous un autre angle : les
Américains sont taxés pour tous leurs gains réalisés où que cela soit
dans le monde. Et comme, à moins d’un accord, les autres pays taxent
aussi ces gains, on arrive à des cas de double-imposition. Seule
solution pour ces Américains : avoir une seconde nationalité. Notons
que pour les citoyens d’autres pays, une seconde nationalité (voire
plus) est aussi un avantage, nous y reviendrons.
Pour obtenir une seconde nationalité, il existe plusieurs méthodes :
- trouver dans son arbre généalogique un ancêtre ayant une nationalité
qui se transmet par le sang et se lancer dans une procédure
administrative plus ou moins longue selon les cas (attention, vos
ancêtres ne devront pas avoir abandonné la nationalité en question).
Par analogie, rappelons qu’Israël accorde sa nationalité à tous les
juifs qui souhaitent bénéficier de la « loi du retour » (aucune
obligation de rester dans le pays ensuite bien sûr...). Remarque valant
aussi pour les nouveaux convertis.
- se marier avec une personne étrangère et se lancer, là encore, dans
une procédure administrative plus ou moins longue.
- s’installer dans un pays qui accorde sa nationalité après une période
de résidence pas trop longue (3 ans au Canada, par
exemple).
- être champion de sport, artiste ou scientifique de renommée mondiale.
De nombreux pays seront fiers de vous accorder leur nationalité.
- investir dans un pays qui propose des « programmes économiques »,
c’est-à-dire sa nationalité en échange d’une (grosse) somme d’argent.
Attention, certains pays exigent que vous abandonniez votre nationalité
actuelle si vous voulez la leur. Ce qui n’est pas du tout le but
cherché ici !
Résidence, attention à la durée !
Souvent les états traitent avec plus d’égard les touristes que leurs
propres citoyens. Logique, les touristes sont considérés comme une
source d’argent qui pourrait très bien aller dépenser ailleurs, alors
que les citoyens resteront plus probablement sur place quoiqu’il
arrive. En fonction des accords entre pays, il est souvent possible
d’avoir un visa touristique de trois mois sans aucune formalité,
simplement en passant la frontière. Au bout de 90 jours, il suffit
d’aller à la frontière la plus proche, de passer une journée dans un autre pays et de
revenir pour avoir à nouveau le tampon d’un visa de trois mois. Ce
voyager aller-retour peut vous sembler une dépense inutile, mais vous
pouvez aussi le voir comme une escapade d’un week-end pour vous changer
les idées... Attention, certains pays exigent que vous restiez trois
mois en dehors de leurs frontières avant d’y revenir. Il faudra donc
alterner votre « résidence » entre deux pays. Pour rester dans le même
pays malgré une telle limitation, certains alternent entre deux
passeports, généralement cela fonctionne bien, mais c’est illégal !
Bien sûr, vous pourrez aussi revenir dans votre propre pays. En tant
que simple touriste cette fois, vous ne serez plus soumis aux impôts.
Attention, en France par exemple, il ne faut pas rester plus de 183
jours par an pour obtenir le statut de non-résident. Toutefois, à
défaut, l’administration cherchera à prouver que vous y avez des
attaches familiales (conjoint et enfants) ou le centre de vos intérêts
financiers. Un bien immobilier peut lui suffire, alors veillez à
vraiment couper le cordon ombilical... Plus restrictif encore, les
États-Unis considèrent les non-Américains comme résidents imposables
au-delà de seulement 122 jours par an !
Travailler à distance
A partir du moment où vous êtes salariés, vous faites partie du «
système ». Il vous faut donc une activité indépendante, réalisable à
distance depuis n’importe où dans le monde, sans établissement stable.
Par exemple, une lettre d’information électronique de haut de gamme (le
genre qu’on est disposé à payer pour recevoir...), des prestations de
service (conseil, traduction, intermédiaire commercial...), etc. A
partir de là, tout l’argent que vous gagnerez sera pour vous et ne sera
plus amputé jusqu’à 80 % !
Contrepartie : vous ne pourrez plus profiter de la sécurité sociale
nationale, de l’école gratuite pour les enfants, etc. Il vous faudra
aller dans le privé ! On peut trouver une assurance maladie avec des
remboursements équivalents pour moins de 100 euros par mois et par
personne. Cela peut paraître beaucoup, mais si vous avez un revenu
important, c’est beaucoup moins que ce qui serait prélevé sur un
salaire équivalent. Et si la sécurité sociale nationale traite ses
assurés souvent sans égard (délais de remboursement à rallonge...)
puisque après tout ils n’ont pas le choix, une assurance privée fera de
son mieux afin que vous n’alliez pas chez un concurrent. De même,
pourquoi cotiser pour un système de retraite qui va s’effondrer ?
Et la solidarité dans tout ça ?
Des esprits chagrins nous feront remarquer qu’avec une telle
philosophie, on ne fait preuve d’aucune solidarité. Nous leur
répondrons que nous ne sommes pas là pour payer les hommes politiques
qui en partie piquent dans la caisse, les chômeurs qui en partie préfèrent rester chez eux
et toucher des allocations plutôt que d’aller travailler, les
fonctionnaires au fort taux d’absentéisme et qui en partie travaillent au ralenti ou mal
quand ils sont à leur poste... Et puis, par le biais de la TVA, le «
touriste permanent » participe quand même à la solidarité nationale des
pays dans lesquels il voyage. D’ailleurs, beaucoup de ceux qui ont
choisi cette façon de vivre l’ont fait dans des pays moins développés
(avec un niveau de vie personnel supérieur à celui qu’ils avaient dans
leur pays d’origine), où leur argent est plus utile. Aussi, il serait généreux de votre part de reverser, spontanément, 10 % (au moins...) de vos bénéfices à des personnes vraiment dans le besoin. Dernière remarque
: le but n’est pas de faire n’importe quoi, restez discret, respectez
la loi de chacun des pays avec lesquels vous avez des relations : ne
traversez même pas quand le feu est rouge pour les piétons !
Interdit bancaire ?
Vous êtes interdit bancaire en France ? Pas grave, vous pourrez quand
même ouvrir un compte à l’étranger et utiliser vos fonds en France
grâce à votre carte de paiement internationale. Mais il est peu
probable que votre banque étrangère vous prête de l’argent.
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Attention, arnaque !
Que ce soit pour obtenir un second passeport, ouvrir une société ou un
compte bancaire offshore, on voit souvent des
publicités dans la presse ou sur Internet. Attention aux intermédiaires
peu scrupuleux qui partiront avec votre argent sans rien faire en
échange (lire Virus 13) !
Préférez les contacts directs avec les administrations étrangères et
des banques réputées.
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