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Paru dans Le Virus Informatique n°42
2019-09-24 16:08
CR

Ce que NextInpact vous a caché au sujet de Qwant (et de ses ennemis)



NextInpact a publié un article intitulé Qwant : en finir avec l'omerta (la « loi du silence »). Or il se trouve que le média a passé sous silence plusieurs informations capitales qui auraient permis à ses lecteurs de mieux comprendre ce qui se passe autour de Qwant depuis quelques mois.

L’auteur de l’article déclare : « cherchant à vérifier à quel point Léandri [le p.d.g. de Qwant] m'avait placé sous observation, je procède à une petite expérimentation. En réponse à un twittos qui déplorait que Qwant s'en était « pris à Jean-Marc pour essayer de décrédibiliser son taf », j'explique que « J'hésite à "liker"...: Eric surveille aussi, depuis la semaine passée, non seulement les réponses que je fais, mais aussi ce que je "like", et il ne s'est pas privé de nous reprocher plusieurs d'entre eux... » […] 10 minutes plus tard, à 21h51, Léandri envoie une salve de 6 SMS à Teuf [le dirigeant de NextInpact]. »

Cette réactivité serait censée prouver que l’auteur de l’article est sous surveillance. Or le journaliste a laissé (par inadvertance probablement) le compte Twitter d’Éric Léandri en copie de la discussion et le dirigeant de Qwant a reçu une notification à la publication, de même que deux employés de Qwant en copie eux aussi. Comme cela arrive à des millions d’utilisateurs de Twitter chaque jour. L’accusation de mise sous surveillance a donc une forte probabilité d’être calomnieuse envers Éric Léandri, pour ne pas dire paranoïaque. Quoi qu’il en soit, en écrivant « tombé dans le panneau », le journaliste prouve qu’il donne dans la provocation.

Des articles biaisés
Nous ne cautionnerons en rien le comportement d’Éric Léandri s’il a hurlé, injurié (etc.) NextInpact, mais on peut comprendre qu’une personne dérape par détresse et/ou colère quand elle – ou plutôt son « bébé » ici – est victime d’une injustice, de provocation. Car le travail de NextInpact est biaisé dès le départ dans ce dossier, à charge contre Qwant, au lieu d’offrir à ses lecteurs une information neutre, à charge et à décharge, pour leur permettre de se faire leur propre opinion. Une phrase résume l’état d’esprit de NextInpact, pour ne pas dire la volonté de manipuler le public : selon le média, Qwant aurait dû « reconnaître le problème de cache corrompu plus tôt (voire dès que Marc Longo l'avait identifié, plutôt que de porter plainte contre lui) ». Or le problème de cache était partiellement reconnu par Qwant et ce n’est pas parce qu’un bogue a été dévoilé publiquement que la société a réagi sur le plan judiciaire, elle avait insisté sur ce point.

En réalité, l’assignation au tribunal repose sur des écrits contenant de nombreuses accusations différentes lancées par le gérant de la Société Nouvelle de l’Annuaire français (simplifié en « l’Annuaire français » dans la suite de cet article) contre Qwant et sur lesquels NextInpact a refusé de se pencher pour informer ses lecteurs. Par manque de temps, nous a-t-il dit. Or le média a eu quand même le temps de publier un nouvel article de 60 000 signes contre Qwant depuis sa première série d’articles, mais toujours pas de revenir sur les points passés sous silence par lui jusqu’ici, alors qu’ils auraient permis à ses lecteurs de comprendre pourquoi la justice a exigé le silence dans une telle ordonnance de référé. Non, ce n’est pas une « condamnation » contrairement à ce que NextInpact déclare à tort : il s’agissait d’une procédure d’urgence plutôt basée sur les apparences en attendant un jugement de fond, qui permettra à la justice de trancher si oui ou non l’Annuaire français a dit vrai, si oui ou non il a le droit de s’exprimer ainsi (il a fait appel de l’ordonnance en attendant).

Dans une volonté d’apaisement, Qwant avait invité l’Annuaire français à venir dans ses locaux, pour voir le travail de ses ingénieurs, dissiper les éventuels malentendus et éviter d’en passer par la justice, mais l’Annuaire français a préféré continuer un conflit qui sert ses intérêts : jamais les médias n’ont autant parlé de sa société… et autant pris pour cible son concurrent.

Les mensonges de l’Annuaire français
Si on récapitule ce qu’on a pu lire de la part de l’Annuaire français (des centaines de tweets, des courriels de dénonciation, ses conclusions en justice, etc.), il utilise pour parler de Qwant des mots comme « poubelle », « escroquerie » et autres qualificatifs peu flatteurs, il affirme que Qwant n’a pas d’index, qu’elle n’a que deux armoires de serveurs qui sous-traitent le travail à Bing de Microsoft, il suspecte en outre plus que lourdement la société de violer son contrat avec Microsoft, etc. L’Annuaire français accuse aussi Qwant de transmettre des données à Google à l’aide d’un code HTML placé dans ses pages depuis des années. Alors que, comble de l’ironie, au même moment l’Annuaire français transmettait à Google des données personnelles de visiteurs de son site Web à leur insu et sans leur laisser la possibilité de refuser (en violation du RGPD donc).

S’il y a bien un média que nous apprécions pour ses préoccupations en matière de défense de la vie privée, c’est NextInpact et nous nous attendions donc à ce qu’il vérifie la véracité de ces nombreuses accusations. Comme Éric Léandri, nous sommes surpris que NextInpact refuse de le faire. Car, si la justice n’a pas encore eu à se pencher sur le fond de l’affaire et à vérifier ses accusations, notre enquête montre que l’Annuaire français a menti à plusieurs reprises (lire articles précédents).

Des procédures perdues par les accusateurs
Pour appuyer sa démonstration concernant le comportement d’Éric Léandri à son égard, NextInpact sort de nombreux témoignages anonymes à charge venant de personnes qui ont quitté la société (dont certains sont ou ont été en conflit judiciaire avec) avec qui il a passé des heures à discuter, mais se refuse de prendre le temps pour recueillir/relayer d’autres témoignages de personnes qui travaillent toujours chez Qwant (elles sont autour de 150) et qui n’ont pas forcément le même avis. Là encore, NextInpact biaise son article.

En réaction à cet article, Michel Lecomte, fondateur du réseau social alternatif français Smartrezo, déclare : « Actionnaires, syndicat et délégués ne mènent pas d'actions. De quel droit un média se permet de le faire pour eux ? Avec pour preuves des éléments d'un concurrent « justicier » et d'un ex-salarié ? Désolé, mais ce n'est pas du journalisme. » Ce n’est pas un simple lecteur qui dit cela, mais un ancien journaliste, qui connaît donc les règles du métier, l’obligation d’étudier les différents angles. Au départ, il critiquait Qwant lui aussi, aux côtés des deux personnes évoquées avec qui il a eu des contacts en privé, car le moteur européen refuse d’indexer les pages de son site Web. Mais il a rapidement compris ce qui se tramait contre Qwant et a, finalement, décidé de prendre la défense de cette dernière, malgré les « trolls » de Twitter qui s’abattent sur lui depuis.

Et, en effet, selon notre propre enquête, la plupart des attaques contre Qwant semblent provenir, non pas de Google comme le sous-entend Qwant, mais de concurrents actuels ou passés – dont l’un nous a déclaré vouloir la tête d’Éric Léandri – et d’anciens salariés, parfois licenciés pour faute. Si nous ne sommes pas au courant de procédures concernant des employés actuels (que les éventuelles personnes concernées nous contactent dans le cas contraire), il y en a eu dans le passé. Ainsi, un ancien salarié avait déposé plainte en juin 2017 pour harcèlement. Cette plainte a été classée sans suite par la justice un an plus tard. Un autre ancien salarié, qui a été licencié pour s’être acharné contre Qwant sur Twitter, avait saisi les prud’hommes pour harcèlement, mais a été débouté ; il a fait appel. Il sera prochainement jugé aussi au tribunal correctionnel dans le cadre de cette affaire. En outre, l’Annuaire français a déclaré au juge de l’exécution que cet ancien employé lui transmet des informations et documents internes de Qwant, qu’il a eus lui-même lors de sa mission ou obtenus d’une « source anonyme interne » ; l’association que nous supposions entre les deux personnes pour combattre Qwant ne fait plus aucun doute.
Alors que plusieurs de ses ex-collègues nous ont déclaré être soulagés de son départ (s’il y en a qui en sont malheureux plutôt, qu’ils nous contactent aussi, nous relayerons), ce même ancien salarié a lancé récemment sur Twitter un « ta gueule » à un préfet de police. Cela montre le manque de respect et le niveau d’agressivité de cette personne de façon générale, et on peut imaginer la difficulté pour le management de Qwant à travailler avec. NextInpact n’a rien dit de tout cela à ses lecteurs.

Un concurrent qui se grille lui-même
Le lecteur qui débarque ici pourrait objecter que l’Annuaire français conteste son statut de concurrent de Qwant. Nous avons démontré dans Virus Info 41 que la concurrence semble pourtant bel et bien là. Et nous pouvons même désormais affirmer qu’il y a concurrence, puisque nous avons découvert que c’est l’Annuaire français qui invoque, lui-même, cette concurrence devant la justice à qui il a demandé d’« ordonner que la société Qwant respecte les règles de la concurrence loyale envers tous les autres moteurs dont Privavi en appliquant strictement les CGU de l'API Bing si elle n'en est pas dispensée de manière formelle et explicite », Privavi étant un site Web de l’Annuaire français.

Qwant a beaucoup de choses à se reprocher (lire nos enquêtes dans Virus Info 40 et 41). Mais le camp d’en face aussi, et nous aimerions comprendre pourquoi NextInpact a décidé de pratiquer l’omerta à ce sujet.

Don qui choque

Nous apprenons, en septembre 2019, que NextInpact s’est vu promettre 90 000 € de don par Qwant. Le média n’en a pas informé ses lecteurs, mais il ne l’a pas fait non plus quand 20 000 € sont arrivés en avril 2018, puis 30 000 € plus tard. Par souci de transparence, cette information aurait dû être communiquée à ces moments-là, au pire au début de la salve d’articles contre Qwant. Car, en l’état (et même si ce ne serait pas le cas), cette série d’articles à charge peut désormais être perçue comme une vengeance, alors que 40 000 € du don promis ne sont pas arrivés.

90 000 € correspondent au revenu tiré de 1 800 abonnements, pour un média qui compte environ 8 000 abonnés, soit entre 15 et 20 % de ces recettes. De quoi remettre en cause l’indépendance annoncée aux lecteurs. Combien de gros dons ont été promis ou versés par d’autres ? Au moins, quand il y a une publicité, le lecteur peut le voir et se faire sa propre opinion. Ici, le lien financier était tout simplement invisible. Et nous ne croirons pas qu’il faille que le site soit modifié techniquement pour annoncer les dons, une brève peut suffire en attendant.

D’ailleurs, il est de bon ton dans les médias de pointer les déficits de Qwant (rien de spécial dans le monde des start-ups en réalité). Par contre, qu’en est-il de la situation financière de NextInpact ? La société a cessé de communiquer à ce sujet : les chiffres 2017 ne sont pas consultables, ceux de 2018 n’auraient pas été déposés au tribunal de commerce, alors qu’une approbation des comptes a été reportée cet été. Cumulant déjà plusieurs mois de retard, son magazine imprimé n’a toujours pas été envoyé aux lecteurs qui ont financé sa réalisation (nous avions proposé notre aide, à condition qu’il n’y ait pas de publicité dedans, nous n’avons pas eu de réponse et avons renoncé).

Nous trouvons aussi anormal que Qwant fasse un don si important à un média, alors que la société a reçu de l’argent public pour créer un moteur de recherche souverain (pas pour aider un média, à notre connaissance), que ses développements accumulent les retards et qu’elle est en pertes. 50 000 € quand même. NextInpact devrait avoir la décence de rendre l’argent. Mais on a un peu l’impression de se battre contre des moulins à vent…


...

Vous trouverez la suite de ce long dossier dans Virus Info 42



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