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Le Virus Informatique n°18Affaire Rozange-PC Jeux, l'ex-rédacteur en chef répond
Virus
17 a
relaté l’issue du procès qui a
opposé un
pigiste à la société éditrice de
PC Jeux,
dont j’étais à l’époque
rédacteur en chef. Sa collaboration écourtée,
Francis Rozange se disait victime
de la pression des éditeurs de logiciels. Je profite de
l’occasion pour
apporter enfin, en toute indépendance, un avis sur la question.
La pression de certains éditeurs de jeux vidéo est une
triste réalité contre laquelle les rédactions
luttent chaque jour dans le
silence, le stress et l’anonymat. Certains individus isolés ont
déjà tenté dans
le passé de récupérer les mérites de ce
combat pour leur propre publicité.
Francis Rozange écrivait le 3 juillet 1997 sur
l’internet : «
Je
vais devenir un journaliste multimédia célèbre
[...] » en évoquant son
procès à l’encontre d’Edicorp.
La direction de cette dernière, alertée sur «
l’effet
Rozange » auprès des éditeurs, a refusé un
temps de rémunérer ses articles,
considérés comme inappropriés à la mission
informative du magazine. Je me suis
résolument opposé à cette décision :
en contactant l’auteur, je lui ai
volontairement apporté des éléments de
défense. Sa rémunération intervint
finalement un mois avant celle des autres pigistes du magazine.
Combattre le mal de l’intérieur
J’ai proposé ma démission suite à ces
événements, sans pour
autant me rallier à la cause de Francis. Ses méthodes
d’intimidation auprès de
moi m’ont permis de mieux comprendre la psychose des éditeurs.
La direction
d’Edicorp m’a demandé de rester parce qu’elle avait besoin de
moi pour lancer
son pôle Loisir, dont
PC Jeux constituait le premier
maillon. Je m’étais
engagé sur une vaste mission et je me sentais finalement plus
utile pour
combattre le mal de l’intérieur. J’ai assuré, contre vent
et marée, mes
objectifs d’audience et d’indépendance du magazine
vis-à-vis du marché, malgré
les pressions. Le lancement du pôle Loisir établi, au
moyen de six nouveaux
magazines, le succès de
PC Jeux assuré, on m’a
gentiment invité à
quitter la société parce que je n’étais pas assez
complaisant avec les
éditeurs. Le président du Directoire, le 24 avril
1999, me déclarait ceci
lors de notre dernière entrevue : « [...]
Ça
fait partie des tendances
naturelles antagonistes, a priori
, entre la pub qui a envie que
le
magazine fasse du beurre sur le dos des éditeurs, et la
rédaction [celle de
PC Jeux]
qui, et c’est aussi
normal et
légitime, a toujours eu
tendance à vouloir dire
exactement la
vérité, à être ultra critique
pour sa crédibilité. C’est deux tendances qui me
paraissent tout à fait
naturelles : il faut les concilier ! ».
Je n’ai
jamais cédé aux pressions des éditeurs. Une seule
fois un éditeur (français, et
le plus gros de surcroît) a pesé de tout son poids pour
empêcher la publication
d’un test (noté 71 %) dans
PC Jeux. Comme je ne
voulais pas en
réviser la note, ma direction commerciale a profité du
fait que j’étais parti à
un Salon professionnel aux États-Unis pour faire
disparaître l’article du
magazine. J’étais furieux ! Car le véritable nerf de
la guerre dans le
milieu des jeux vidéo, ce sont les tests.
Ne jamais communiquer les notes
Les notes attribuées par les magazines influent directement
sur le carnet de commandes des éditeurs auprès du
réseau de distribution pour
la mise en place des jeux. Les actualités de Francis Rozange
auraient pu être
carrément injurieuses, mais écrites par un autre auteur,
les éditeurs ne se
seraient jamais manifestés de la sorte. Dès le
troisième numéro de
PC Jeux,
j’avais pris le parti de ne jamais communiquer les notes des tests
avant
l’impression complète du magazine, ni même à ma
direction publicitaire qui se
serait empressée de les faire suivre...
A l’occasion du Milia
1998, je transmettais mon éditorial par
mail pour le
bouclage de
PC
Jeux. J’y dénonçais la nomination pitoyable de
Dungeon
Keeper - en
qualité de meilleur jeu de l’année - par le grand jury
dont le président
n’était autre que le créateur du jeu en personne !
La direction
commerciale a intercepté l’article et l’a censuré. Je ne
m’en suis aperçu qu’en
revenant du Salon de Cannes, le magazine était
déjà parti chez l’imprimeur.
Depuis mon départ de la société, ces mêmes
responsables commerciaux occupent
aujourd’hui des postes d’éditeurs et interviennent en toute
impunité sur le
contenu éditorial des magazines du groupe... Heureusement, il
subsiste des
groupes de presse qui prônent - et assurent - la liberté
d’expression de leurs
journalistes. Ceux-là ont compris que seuls les lecteurs avaient
droit de vie
ou de mort sur un magazine.
Imré Antal
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